Jeudi était la troisième édition de la Journée mondiale anti-contrefaçon. Une cinquantaine de jeunes ont distribué des tracts dans le quartier parisien des Champs-Elysées, où sont installées de nombreuses grandes marques, pour inciter la population à "acheter vrai".
"Le phénomène de la contrefaçon se développe de façon catastrophique", a affirmé lors d'une conférence de presse non loin Marc-Antoine Jamet, président de l'Union des fabricants, le lobby français anti-contrefaçon des entreprises.
Selon lui, la contrefaçon représente maintenant 5 à 6% du commerce mondial et coûte 40.000 emplois par an en France et 100.000 en Europe.
"On dit souvent que les premières victimes sont les entreprises, les industriels, l'Etat. Mais pour nous les premières victimes sont les clients, les consommateurs, les citoyens qui se font avoir en terme de sécurité et de santé", a-t-il déclaré.
L'Union des fabricants qualifie d'indice "inquiétant" l'augmentation des volumes des saisies douanières. En 2002, les douanes avaient constaté un total de 1.272.433 articles contrefaits. Les chiffres établis pour les premiers mois de 2003 traduisent une augmentation de 180% par rapport à la même période l'an passé, surtout dans les produits textiles, les cigarettes, les pièces détachées de téléphones portables ou de cyclomoteurs.
"Aujourd'hui, on est dans une diversification qui nous concerne tous, et pas seulement les acheteurs des produits de luxe", a expliqué Philippe Kearnay, directeur général adjoint des Douanes.
Il a souligné que "le projet de loi Perben devrait permettre de lutter avec des moyens plus actifs", notamment pour la surveillance des livraisons et sur l'infiltration des groupes criminels, souvent impliqués dans d'autres types de criminalité.
Pour les spécialistes, la contrefaçon s'est développée "partout où il y a de la plus-value à faire en terme d'image ou de technologie": loisirs, logiciels, sport, médicaments, pièces mécaniques, haute technologie, etc.
Par exemple, d'après le Business software alliance (BSA), un organisme international qui regroupe des éditeurs informatiques, près d'un logiciel sur deux (43%) en France est piraté, ce qui constitue un taux de piratage "largement supérieur à la moyenne européenne".
Des responsables de grandes sociétés réunis jeudi ont insisté sur le rôle néfaste joué par certains sites web, notamment d'enchères, où on peut acheter toutes sortes de produits copiés. "L'internet mène directement sur le catalogue de la contrefaçon", a résumé Marc-Antoine Jamet.
Il a regretté le "décalage" entre la "perception banalisée" de la contrefaçon qu'ont une partie des Français et les ravages économiques qu'elle provoque, correspondant à "une ville complète où tout le monde serait mis au chômage". |
