Accompagné de trois ministres et d'Alain Juppé, député-maire (UMP) de Bordeaux, le Premier ministre, accueilli chaleureusement à la différence de la réception que des manifestants lui avaient réservée la veille à Bastia, a salué en Vinexpo un "événement extraordinaire à l'image d'un pays à la fois audacieux et généreux". Il a souligné que ce salon "est pour l'Europe et le monde un rendez-vous professionnel exemplaire".
Il a ensuite salué "la puissance économique de ce marché mondial des vins et spiritueux qui représente 250 milliards d'euros", tout en soulignant les difficultés "d'un marché en surproduction".
Il a demandé qu'à l'image des pays producteurs de l'Union européenne, les autres pays producteurs de vins, "maîtrisent leurs vignobles et leurs rendements" et "reviennent à des conditions de concurrence plus loyales".
"Comme pour la politique", a ajouté le Premier ministre, "il convient de trouver le bon équilibre entre la tradition et la modernité", l'un des enjeux du marché mondial du vin où les producteurs traditionnels d'Europe, comme la France, l'Italie ou l'Espagne, se heurtent à la concurrence de ceux du Nouveau Monde - Etats-Unis, Australie, Argentine ou Chili. Ces pays, qui sont soumis à des réglementations beaucoup moins contraignantes et qui ne limitent pas leur production, pratiquent des prix plus attractifs et jouent à fond la carte du marketing ou du merchandising avec un réel succès auprès des nouveaux consommateurs, notamment en Europe du Nord et aux Etats-Unis, considéré comme "le marché de demain".
"Il faut", a conclu M. Raffarin, "injecter dans notre société cette part de modernisme" sans qu'il y ait de "blocages".
Ces blocages, en ce qui concerne la vieille Europe et notamment la France - 12.000 producteurs éparpillés dans le Bordelais et pas moins de 57 appellations qui déconcertent les consommateurs - pourraient trouver une solution notamment dans une politique de restructuration de la production, souhaitée par de nombreux négociants, et l'apparition de marques puissantes, comme aux Etats-Unis ou en Australie. Dans ces pays, les petits producteurs et des négociants connaissent également de grosses difficultés, d'où la nécessité d'assainir le marché, en respectant la tradition mais en s'ouvrant sur la modernité.
Vinexpo compte cette année 2.500 exposants, qui disposent de stands très "design", et attend plus de 50.000 visiteurs de 140 pays. Ouvert dimanche sous une chaleur accablante, le salon, exclusivement réservé aux professionels, va devenir une véritable tour de Babel du vin et des spiritueux, où se cotoient, dans une ambiance qui n'a rien de bacchique, tous les producteurs et négociants de la terre, même les Asiatiques, qui sont venus sans leur masque anti SRAS.
Aucune annulation n'a été enregistrée pour cette manifestation, unique au monde, dont les retombées économiques pour Bordeaux et sa région sont évaluées à 60 millions d'euros, et depuis plusieurs semaines tous les hôtels affichent complet. |
