Loin de l'engouement des années folles

"C'était un peu mou", répètent les habitués à l'issue du marathon de trois heures et demi durant lequel plus de 2.000 bouteilles, essentiellement des premiers grands crus du Bordelais, ont trouvé preneurs.

Malgré un catalogue à faire rêver - avec notamment d'interminables séries de lots de Cheval Blanc, Haut Brion, Petrus, Mouton Rothschild, Lafite ou Yquem- moins d'une centaines de particuliers ou de professionnels se sont déplacés pour la vente organisée dans un des salons du prestigieux Grand Théâtre de Bordeaux.

"Le monde du vin est en crise et cette vente est le reflet de la morosité ambiante", analyse Lionel Michel, un professionnel. "Les Américains ne sont plus là et les Japonais n'ont plus d'argent", ajoute-t-il sans ménagement.

Pour ce Français spécialisé dans les vieilles bouteilles, la "bulle" spéculative qui s'était créée ces dernières années autour des vins de Bordeaux "a crevé comme la bulle internet". "Il y a deux ans, des bouteilles à 15.000 francs (environ 2.200 euros) avaient plusieurs enchérisseurs, alors que maintenant il n'y en a plus qu'un", rappelle le professionnel.

Ainsi, la bouteille la plus chère, un château Petrus 1947, estimée entre 2.000 et 2.400 euros, est finalement enlevée à 2.100 euros par un acheteur qui suit la vente par téléphone. Un château Margaux 1928, estimé à 300 euros, part à 400 euros.

"Il n'y avait pas beaucoup de monde cette année et apparemment très peu d'étrangers", constate un particulier, satisfait d'avoir acquis "deux ou trois choses", notamment un flacon d'Yquem 1990 vendu entre 170 et 180 euros.

Si les acheteurs semblent aujourd'hui plus rares, et surtout moins enclins aux folles surenchères qu'alimentait autrefois la spéculation, tous les précieux flacons proposés par le commissaire priseur Christian Jean Dit Cazaux ont néanmoins trouvé preneur avant minuit, avant que le public ne s'échappe, soulagés de quitter l'atmosphère chaude et moite de la salle.

"Les grands crus ont bien tenu, mais les vins moyens ont réagi mollement", note le commissaire priseur qui rechigne à parler de "morosité", soulignant que la plupart des lots se sont vendus dans la fourchette de prix fixée par l'expert.

Les quatre bouteilles de Cheval Blanc 1961, année jugée "exceptionnelle", se sont arrachées comme prévu entre 550 et 600 euros. Franc succès aussi pour le château Le Pin, dont les millésimes 2000 et 1998 se sont envolés entre 720 et 860 euros.

"La période faste, c'était entre 1994 et 2001", se souvient Me Jean Dit Cazaux, pour qui la "prudence" des acheteurs s'explique par un contexte défavorable où se conjuguent récession économique et crise du secteur viticole.

A côté des éternels passionnés, toujours à la recherche de millésimes introuvables sur le marché, les particuliers ont désormais un "plafond psychologique" et n'achètent plus le vin à n'importe quel prix, selon un professionnel. D'autant que dans une vente aux enchères, la qualité du vin n'est jamais garanti.


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