Chirac fait le choix d'une clémence relative en faveur de Bové

Par ce geste d'apaisement, qui lui était demandé par de nombreux partisans de José Bové, le chef de l'Etat cherche à désamorcer une contestation qui, s'ajoutant aux manifestations des intermittents du spectacle, risquait de pourrir l'été du gouvernement.

En accordant une remise partielle de peine, le président de la République ne désavoue pas la justice qui a condamné José Bové à dix mois de prison ferme pour la destruction de plants d'OGM, mais il montre qu'il n'est pas insensible aux préoccupations exprimées par les altermondialistes.

Le président de l'UMP Alain Juppé avait par avance défini les termes de ce difficile équilibre: José Bové dit "des choses intéressantes" sur les OGM et la mondialisation, mais il a "défié la justice".

Dans un décret de grâce individuel, Jacques Chirac a accordé au porte-parole de la Confédération paysanne une remise de peine de deux mois. Conformément à l'article 17 de la Constitution, cette grâce est une prérogative exclusive du président de la République qui n'a pas à la motiver.

Cette remise de peine vient s'ajouter aux deux mois de réduction de peine dont José Bové bénéficie par ailleurs dans le cadre de la grâce collective accordée par le chef de l'Etat à l'occasion de la Fête nationale du 14 juillet et qui concernera quelque 3.000 personnes.

Le leader de la Confédération paysanne devrait ainsi pouvoir passer Noël en liberté. D'autant qu'il pourrait bénéficier de mesures d'aménagement (régime de semi-liberté, liberté conditionnelle, réduction de peine pour bonne conduite), s'il en fait la demande au juge d'application des peines. "La justice est très ouverte", soulignait d'ailleurs un proche du chef de l'Etat.

Pourtant, l'avocat de José Bové, Me François Roux, a exprimé sa "déception".

Arrêté dans des conditions spectaculaires, José Bové est incarcéré à Villeneuve-les-Maguelone (Hérault) depuis le 22 juin. Il a affirmé qu'il n'était "pas question" pour lui de s'"agenouiller devant le président Chirac" pour demander une grâce, tout en faisant savoir qu'il ne s'"opposerait pas" à une "libération anticipée".

S'il n'a pas lui-même fait de démarche auprès de l'Elysée, ses partisans, qui dénoncent "une criminalisation du mouvement social", ont en revanche multiplié les recours en grâce.

La Chancellerie a remis à l'Elysée un avis resté confidentiel, mais qui, selon des sources concordantes, était négatif. Toutefois, Jacques Chirac a apprécié l'opportunité politique d'une libération anticipée de José Bové sur fond de grogne sociale après la réforme des retraites et les manifestations d'enseignants.

A l'Elysée, on soulignait que Jacques Chirac était très attentif à l'exécution des décisions de justice et ne voulait en aucun cas donner l'impression d'un désaveu des juges qui ont condamné José Bové. Mais, il a estimé qu'une libération anticipée ne serait pas injuste.


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