Le vignoble du Maury dévasté par des grêlons "gros comme des balles de golf"

Environ 15% de la récolte globale est désormais perdue sur l'ensemble du terroir, a estimé le président du Syndicat de défense du cru Maury, Bernard Rouby. Un cruel coup du sort pour ce vin de haute qualité, dont la production ne dépasse pas 8.000 hectolitres par an et qui, contrairement aux autres vins doux naturels (Banyuls, Muscat de Rivesaltes, etc.), peine à trouver des débouchés commerciaux et se débat dans une profonde crise économique.

Venu des Corbières, l'orage de grêle sèche s'est abattu avec une force démentielle sur plus d'un millier d'hectares mercredi en début de soirée, arrachant les feuilles des ceps et faisant éclater les grappes de raisin.

"Tout à coup, une énorme masse noire nous est arrivée dessus et, pendant trois minutes, des grêlons gros comme des balles de golf se sont mis à pleuvoir. Les voitures ont pris des bosses. Dans les arbres, les oiseaux tombaient raides morts assommés. C'était impressionnant", raconte Olivier Decelle, le propriétaire du Mas Amiel, le plus gros domaine privé de Maury.

"Plus d'un quart de ma récolte est perdue. Certaines de mes parcelles sont détruites à 80%. C'est d'autant plus rageant qu'on était partis pour un superbe millésime. On avait une belle chaleur, le raisin était sain. Cela prouve bien que pour un vigneron, rien n'est gagné tant que le vin n'est pas dans la bouteille", philosophe-t-il.

Comme la plupart des viticulteurs de Maury, M. Decelle n'était pas assuré contre la grêle. Pour un domaine de 150 hectares, le coût de ce type d'assurance est astronomique et le risque bien faible: selon les habitants de la région, un tel orage ne s'était pas produit depuis 1977.

"Depuis vingt ans que je suis à Maury, je n'avais jamais vu des grêlons aussi gros", se désole Bernard McGuile, le seul vigneron irlandais du village, en montrant ses ceps de grenache noir aux feuilles déchirées.

Comme tous les viticulteurs affectés, M. McGuile s'affairait vendredi, son masque à gaz sur le visage, à pulvériser sur sa vigne de la "bouillie bordelaise", un produit chimique bleuâtre qui sert à cicatriser les grains de raisin éventrés.

"Heureusement, la tramontane s'est mise à souffler juste après la grêle et a tout séché", explique le vigneron irlandais. "Vu ce qui nous est tombé dessus je m'attendais à pire, mais cela reste un coup dur. D'autant plus que ça ne va pas fort en ce moment pour le Maury".

"Il faut quand même relativiser", tempère M. Decelle. "L'orage a été très localisé et les vignes qui n'ont pas été touchées devraient produire un millésime excellent. Dans un sens, je préfère une chute de grêle comme ça plutôt qu'un été pourri comme en 2002 ou un vignoble malade".


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