La forêt française plus dense prête le flanc aux grands feux

"Contrairement à ce que l'on pense souvent, la forêt s'est considérablement accrue en France depuis 150 ans", souligne Michel Vennetier du Cemagref, Institut de recherche pour l'ingénierie de l'agriculture et l'environnement.

La forêt française a doublé de superficie en 150 ans. Elle progresse en moyenne de 0,5% par an, du fait de l'abandon par l'agriculture et l'élevage de terres qui se sont reboisées spontanément. Quelque 30.000 hectares sont gagnés tous les ans sur les terres agricoles.

"On a désormais d'immenses massifs d'un seul tenant, là où les forêts étaient coupées de zones d'élevage ou d'agriculture," observe M. Vennetier.

Cette forêt dense offre davantage de combustible au feu, formant des "fronts" menaçants de plusieurs kilomètres de large, difficiles à maîtriser.

"La région méditerranéenne est, en France, une de celles où les espaces boisés progressent le plus", notait dans son dernier rapport l'Institut français de l'environnement (IFEN). Vignes, oliviers et cultures en terrasses qui tapissaient les fonds de vallée ont cédé la place aux maquis et garrigues facilement inflammables.

"La forêt est moins exploitée, des métiers comme les leveurs de liège, gemmeurs de pins (qui récoltaient la résine) ont totalement disparu", explique Michel Vennetier. "Autrefois, le bois de chauffe était massivement utilisé, on récoltait les bruyères pour les litières des animaux ou pour fabriquer des balais".

"Le maintien de milieux ouverts et entretenus représente un enjeu important pour limiter l'extension des grands feux", souligne l'IFEN. D'où les actions de prévention qui se sont intensifiées ces dernières années : entretien de pistes et création de zones coupe-feu débroussaillées autour des zones habitées. Autant de mesures efficaces mais qui trouvent cet été leur limite.

"Au delà d'un certain degré de sécheresse, les actions de prévention sont annulées par les conditions météo," estime Yvon Duché, ingénieur de l'Office national des forêts à Aix-en-Provence.

Les experts dénoncent l'imprudence humaine, première cause d'incendie devant les actes criminels très médiatisés. "La plupart des départs de feux ont lieu aux abords des routes", relève Michel Vennetier. "Tous les jours, des mégots de cigarette sont jetés des véhicules, quand ce n'est pas un barbecue ou un feu d'herbe dans un jardin".

La construction de lotissements ou de maisons isolées au contact de la forêt aggrave les risques. Or, l'urbanisation ne s'est pas relâchée sur le littoral méditerranéen, en dépit du vote en 1986 de la Loi Littoral, qui tentait de protéger les côtes.

40% des constructions de 1980 à 1996 ont été réalisées sur la façade méditerranéenne, dont 27% en Provence-Alpes-Côte-d'Azur, selon l'IFEN.

Nice, Cannes, Antibes, Fréjus, Saint-Raphaël et Agde sont les communes où se sont construits le plus de logements nouveaux. Sans parler des campings, dont beaucoup ont dû être évacués dans le Var.

La forêt, autrefois source de revenu pour l'homme, est ainsi devenue un lieu de promenade privilégié pour les riverains et les touristes, sans qu'ils aient pris conscience de sa fragilité.


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