A l'exception des vins de table rosés qui suivent la pente dégressive des autres vins de cette catégorie, tous les rosés progressent depuis une dizaine d'année, notamment en grande distribution. En volume, le rosé, toutes catégories de vins confondus, est passé de 1,4 millions d'hectolitres vendus en grande distribution en 1994 à 1,6 millions en 2001, soit une progression de prés de 16 %, alors que le vin blanc ne progressait que de 1,95 dans le même temps et que les rouges accusaient une baisse de prés de 15 %. La progression est encore plus spectaculaire pour les VQPRD rosés dont les volumes en grande surface ont progression de prés de 40 %.
Les côtes de Provence sont bien évidemment les principaux bénéficiaires de cette progression. Avec 80 millions de litres vendus annuellement, dont 46 en grande surface, la Provence est par excellence la région du rosé. Une bouteille de rosé sur deux consommée à domicile en France provient du sud-est de la France.
Mais d'autres régions ont également profité de la progression de cette couleur et notamment le Val de Loire qui représente 24 % des parts de marchés de vins rosés consommés à domicile. La vallée du Rhône, et notamment l'appellation Tavel, seule appellation n'existant qu'en rosé, pèse 11 % de parts de marché et conserve d'importantes marges de progression. Le rosé ne représente aujourd'hui que 6 % de la production des AOC de la Vallée du Rhône mais certaines appellations comme Lirac, qui produit 15 % de rosés, pourraient être tentés de profiter de cette progression. Ce pourrait être le cas également dans les jeunes AOC de la vallée du Rhône, Côtes du Lubéron, Costières de Nîmes, Coteaux du Tricastin ou Côtes du Ventoux ou le rosé n'est pour l'instant qu'une production accessoire qui concerne un sixième du total de ces appellations.
On voit également quelques outsiders tentés de profiter de la progression de rosés. Bien que confidentiels, les rosés du Jura et leurs 20 000 hl sont de ceux là. "Essayons de profiter de cette vague pour faire découvrir notre spécificité" explique ainsi Marie-Christine Tarby, présidente du Comité Interprofessionnel des Vins du Jura. Même si le rosé ne représente que 20 à 25 % de la production de cette région, un effort de communication a été fait pour promouvoir l'originalité du rosé issu du cépage poulsard, "si bon qu'il en rougit".
Surfer sur la vague du rosé est d'autant plus tentant que les études montrent, à l'heure où le recrutement de nouveaux consommateurs est une priorité, que le rosé séduit une clientèle plutôt jeune. Au moment où les jeunes Français semblent se détourner du vin, l'appellation Côtes de Provence est particulièrement satisfaite que de jeunes adultes, entre 35 et 49 ans, achètent 38 des vins rosés de l'appellation. "Le profil d'acheteurs en vins rosés apparaît cependant légèrement moins âgé que celui des vins toutes couleurs confondues avec pour les vins rosés, des indices de 147 pour les ménages de 50 à 64 ans et de 123 pour les ménages de plus de 65 ans contre respectivement 141 et 138 pour l'ensemble des vins tranquilles" indique une étude de l'Onivins.
Le rosé est donc un vin "tendance". "Le rosé correspond aujourd'hui à l'évolution des styles de consommation et se trouve bien armé pour accompagner l'émergence de nouveaux styles de vie : repas moins structurés, cuisine du monde, simplicité et découverte. Si l'on peut craindre qu'il y ait pour le rouge et le blanc une certaine distance entre le vin, son langage, ses codes, et le consommateur actuel, on peut constater que ce n'est pas le cas pour le rosé" se félicite François Millo, directeur du Comité Interprofessionnel des Vins Côte de Provence.
On ne connaît finalement à cette couleur que deux défauts. L'un est lié à la saisonnalité du produit et à la forte variation des achats en fonction de la météo, l'autre est lié à son prix : avec des prix de vente entre 2 à 4 euros en grande surface, le rosé a pris au blanc la deuxième place en volume mais reste bien à la troisième place en valeur. En 2001, malgré des volumes supérieurs de 8 %, les rosés n'ont représenté qu'un chiffre d'affaires de 244 millions d'euros en grande surface contre 468 pour les vins blancs.
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