Depuis le 29 juillet, les premiers saisonniers, appelés en urgence, s'affairent dans les vergers de Lorraine à recueillir le précieux fruit.
La mirabelle de Lorraine représente 70 à 80% de la production mondiale de ce fruit, le reste étant produit dans la vallée du Rhône, en Alsace ou en Allemagne.
"En 1976, l'année de la sécheresse, on n'avait pas les mêmes quantités, mais on n'a pas eu de récolte si précoce", assure Philippe Daniel, président du groupement qualité "Mirabelle de Lorraine" et exploitant à Vigneulles (Meurthe-et-Moselle).
Sur les hauteurs de Vigneulles, dans une parcelle du GAEC (groupement agricole d'exploitations en commun) de la Mirabelle qui appartient à M. Daniel, une cinquantaine d'ouvriers saisonniers, essentiellement des lycéens, sont à pied d'oeuvre depuis jeudi. Les mirabelles, déjà bien jaunes, tombent de l'arbre secoué mécaniquement et sont immédiatement versées dans des cagettes avant d'être triées selon leur calibrage.
Leur destination: les étalages des marchés pour servir de fruit de bouche ou bien l'industrie du surgelé, de la conserve ou de la pâtisserie.
"Cette année, à cause du gel au mois d'avril, nous aurons une bonne demi-récolte, soit quelque 7.000 tonnes au lieu d'environ 15.000 habituellement pour toute la région Lorraine", précise M. Daniel. "La semaine où le gel est intervenu, nous étions très pessimistes et nous espérions une récolte de 10%, or il a fait très beau la semaine suivante et la récolte a pu être à moitié sauvée", poursuit-il.
Toutefois, certains exploitants, trop exposés au gel, "n'iront pas dans les vergers cette année", leurs arbres n'ayant rien donné, déplore M. Daniel.
Pour les prix, les exploitants ne donnent pas de chiffres, mais jurent que même s'ils "seront sensiblement augmentés", ils ne devraient pas doubler à cause du gel.
A quelque kilomètres de là, à Saint-Nicolas-de-Port (Meurthe-et-Moselle), dans son bureau de Véga fruit, une union de coopératives fruitières qui commercialise les mirabelles, Bruno Colin se prépare à accueillir des tonnes de fruits à conditionner et réexpédier vers les points de vente.
"La cueillette s'est mise en place doucement cette semaine, le gros coup de feu aura lieu ce week-end et pendant les deux à trois semaines de récolte", explique-t-il alors qu'il supervise in extremis le montage et le réglage des machines d'emballage ainsi que les tapis roulants.
Jeudi, les premiers arrivages de fruits étaient déjà stockés dans des chambres froides à 7°. Dans le vaste hangar, en contemplant les piles de cagettes vides, M. Colin était confiant: "on est parés, pourvu qu'il fasse beau" au cours des prochains jours. |
