"Les effets de la canicule actuelle ont un effet très favorable sur la qualité qui devrait être bonne, très bonne, voire exceptionnelle, même si les quantités sont limitées mais pas catastrophiques", a indiqué à l'AFP Christine Lennoz, directrice ajointe de l'Office National Interprofessionnel des Vins (Onivins).
Pour Olivier Merrien, le directeur général de l'Institut Coopératif du Vin (ICV) de Montpellier, "l'état sanitaire est très bon avec des baies de raisin plutôt petites, ce qui donnera un millésime particulier avec un profil d'année exceptionnelle pour de nombreux vignobles si la vinification est réussie. Mais pour cela il faudra peut-être vendanger en partie la nuit".
"Nous sommes à deux doigts de quelque chose d'exceptionnel, avec un millésime de grand caractère qu'on n'a pas connu depuis 25 ans, même si on ne peut pas encore parler d'une année aussi faste que 1947", estime Michel Bettane, conseiller à la rédaction de la Revue du Vin de France.
"Le raisin s'habitue à la chaleur et est plein de sucre", ajoute Arnaud Thomassin, directeur technique du Château de France dans le Bordelais.
En revanche, "les vendangeurs vont avoir du mal à travailler s'ils continuent de faire 40 degrés", souligne Dominique Piron, vigneron à Villé-Morgon (Rhône). "Surtout, ajoute-t-il, il ne va pas être facile de vinifier avec des raisins trop chauds".
"Il est important d'avoir un peu d'eau au cours des huit prochains jours, surtout dans notre région où le thermomètre a atteint 50 degrés au soleil ces derniers jours", affirme Jean-Louis Saget, PDG des Domaines Guy Saget à Pouilly (Nièvre). Autre souci: le succès que rencontrent, notamment dans les pays anglo-saxons, le sancerre et le pouilly. "Nous allons peut-être devoir contingenter notre clientèle en 2004", affirme M. Saget.
Un problème que voudraient connaître d'autres régions alors que les exportations s'essoufflent face à la concurrence des vins du Nouveau Monde et du Maghreb dont la qualité a progressé.
"Le Champagne, malgré une demi-récolte en quantité, s'en sort globalement bien avec une très bonne qualité", estime Jean-Paul Derardel, négociant en vignobles.
Le raisin le plus cher du monde (4,10 euros le kilo l'an dernier) risque encore d'augmenter de 4%, selon plusieurs spécialistes.
La qualité devrait aussi favoriser une progression des prix des grands domaines et des premiers crus du Bordelais, selon une experte qui a requis l'anonymat.
Autre bon signe pour le succès de la viticulture française, notamment dans les pays anglo-saxons: l'influent critique américain Robert Parker, auteur du Guide Parker, qui avait renoncé au printemps dernier à sa traditionnelle visite dans le Bordelais est annoncé cet automne pour tester les premiers "jus". |
