"La récolte sera correcte, et même au-dessus de la moyenne", prévoit Charles Perraud, directeur de la filière saline du Groupement des producteurs de sel de Guérande, qui réunit 170 producteurs sur les 250 que compte le bassin de Guérande. Commencée cette année à la mi-juin, la récolte de sel dans les marais salants a cependant connu trois périodes pluvieuses en juin. Des intempéries courtes mais qui ont "nécessité à chaque fois une semaine de beau temps avant de redémarrer la récolte", ajoute M. Perraud. "S'il continue à faire beau, jusqu'à la fin septembre, on aura une bonne récolte, voire une très bonne, mais rien d'exceptionnel comme en 1976", où quelque 23.000 tonnes avait été récoltées. "Cette année, on aimerait bien en avoir 10.000", espère-t-il. "La saison s'annonce prometteuse, mais pour le moment, il faut parler de saison moyenne", nuance de son côté Gérard Perinetto, paludier. "Il manque quand même de vent, car le sel se forme bien avec du soleil et du vent. Comme le linge que l'on met à sécher, le vent accélère l'évaporation de l'eau", explique-t-il. Il reconnaît lui aussi que la récolte s'annonce meilleure que les années précédentes. L'année dernière, se souvient-il, il n'avait produit que 50 à 60 tonnes, contre une moyenne de 80 à 100 tonnes en temps normal. En 2000, après le naufrage de l'Erika, les paludiers avaient dû renoncer à la récolte de sel, pour cause de pollution des marais salants par la marée noire. "En 2001 et 2002, ce n'était pas génial non plus au niveau du climat, alors cette année, même si la production ne sera pas aussi bonne qu'on pourrait le penser par manque de vent, elle ne pourra qu'être meilleure", espère-t-il. Son objectif, comme celui de tous les paludiers de Guérande, est de pouvoir enfin reconstituer un stock, passablement épuisé par des années difficiles. Le sel étant un produit humide qui nécessite au minimum un an de séchage, ils ne peuvent vendre que la production des années précédentes, mais ont bientôt épuisé les réserves de 2001 et 2002. Le stock, indispensable pour assurer le suivi auprès des clients et rester présent sur le marché où la concurrence étrangère est rude, constitue également la priorité de Charles Perraud. "On a déjà ce dont on a besoin pour une année de vente, mais notre intérêt est d'avoir toujours au minimum deux saisons d'avance. Nous sommes tributaires de la météo, et on a toujours le risque d'une mauvaise saison". En 2001, le groupement de producteurs n'avait produit que 1.500 tonnes en raison d'une saison trop pluvieuse, et l'année suivante, 8.000 tonnes. Une année de vente normale s'établit à 9.000 tonnes, mais depuis l'Erika, les ventes ont été limitées à 7.000 tonnes, afin de garder un peu de marge. "On ne vas pas rouvrir les vannes sous prétexte que l'année s'annonce bonne", précise M. Perraud. "Nous n'en vendrons que 7.000 tonnes cette année encore, nos clients sont prévenus". |