Frappés par la canicule, les aviculteurs de l'Ouest tremblent avant Cancun

La vague de chaleur a provoqué en août la mort de 3,4 millions de poules, dindes et canards. De plus, la ponte a baissé et les poulets, qui ont souffert de la chaleur, sont moins bien formés et donc vendus moins chers.

Ni les aides annoncées vendredi par le gouvernement, ni la réunion de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) de la mi-septembre ne rendent optimistes les éleveurs de Bretagne et Pays de la Loire, qui assurent 60% de la production avicole française et en difficulté depuis deux ans, en raison d'importantes baisses des prix.

"Le ministère de l'Agriculture ne prend pas en compte les morts de volaille à cause de la canicule, car c'est un risque assurable", déplore Bernard Duval, responsable vendéen de la Coordination rurale: "ça va être catastrophique pour ceux qui ne sont pas assurés; même pour les autres il y aura du dégât car les franchises sont importantes".

"Les aviculteurs sont les laissés pour compte du plan d'aide du gouvernement" regrette Joël Limouzin, président de la Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles (FRSEA) des Pays de la Loire, qui pronostique une réaction "en chaîne sur l'emploi dans la filière agroalimentaire si les éleveurs ne sont pas accompagnés". L'Ouest compte 27.000 aviculteurs et 15.000 personnes travaillent à la transformation de la viande dans la seule Bretagne. Principale entreprise d'abattage de volaille et canard, Doux avait déjà annoncé en mai un plan de restructuration concernant 1.000 salariés.

Pour la Confédération paysanne, c'est la concentration des volailles dans les poulaillers industriels qui a causé l'hécatombe de l'été.

"Les intégrateurs qui poussent les éleveurs au productivisme devraient être mis devant leur responsabilité: les pouvoirs publics doivent les contraindre à assumer le coût de la casse", réclame René Louail, de la Confédération paysanne des Côtes d'Armor.

Selon lui, la crise du secteur, loin d'être conjoncturelle, est avant tout due aux choix politiques favorisant une aviculture d'exportation: "les pouvoirs publics ont soutenu les Doux et Bourgoin qui après délocalisent pour produire moins cher".

La Bretagne exporte hors d'Europe 300.000 des 750.000 tonnes de volaille qu'elle produit chaque année, notamment au Moyen-Orient. Au menu des discussions de l'OMC à Cancun, la question des subventions à l'exportation préoccupe directement les aviculteurs de la région.

"Nous ressentons encore l'onde de choc de la baisse des subventions décidée lors des accords du Gatt en 1993", explique Jean-Paul Simier, économiste à la chambre régionale d'agriculture de Bretagne. Un accord similaire à Cancun "aurait encore un lourd impact sur le secteur avicole local", craint-il.

Les règles d'accès au marché, également discutées lors des réunions au Mexique, font, enfin, redouter aux producteurs une concurrence exacerbée sur le marché communautaire.

"S'il y a une baisse de protection douanière, on se retrouvera en concurrence avec les Thaïlandais et les Brésiliens, qui produisent moitié moins cher", avertit M. Simier.


Partager
Inscription à notre newsletter

NEWSLETTERS

Newsletters

Soyez informé de toute l'actualité de votre secteur en vous inscrivant gratuitement à nos newsletters

MATÉRIELS D'OCCASIONS

Terre-net Occasions

Plusieurs milliers d'annonces de matériels agricoles d'occasion

OFFRES D'EMPLOIS

Jobagri

Trouvez un emploi, recrutez, formez vous : retrouvez toutes les offres de la filière agricole