Un oenologue australien pour vinifier "au goût anglo-saxon"

"Les Anglais recherchent des vins très fruités, ils attendent d'un Chardonnay qu'il ait un arôme de melon ou de figue, tandis que le consommateur français recherchera plus la complexité et la typicité du terroir", explique John Adams.

Les Australiens, en revanche, "préfèrent un arôme de pêche blanche" obtenu à un stade de maturité moins avancé du raisin, d'où l'importance pour lui de visiter les parcelles pour sélectionner les cuvées.

John Adams, viticulteur à Tawonga (Australie), et son collègue, Gareth Hardres-Williams, un Sud-Africain de 29 ans, sont arrivés le 20 août dans ce petit village de 370 habitants, une semaine après le début des vendanges anticipées cette année.

"Lorsque la première fois, en 1994, notre principal client à l'export (Direct Wine), un négociant en vins par correspondance basé à Londres, nous a envoyé un oenologue australien, ça a été un véritable choc de culture", raconte Jean-Luc Flaugère, président de la cave coopérative.

"Il ne parlait pratiquement pas français et voulait utiliser pour la vinification des produits interdits en France", se remémore-t-il. "Les gens du pays l'avait surnommé le kangourou". Un surnom qui est resté, au grand amusement des successeurs.

"Au début, on s'est demandé si cela signifiait qu'on n'était pas capable de faire le travail", raconte le viticulteur, avant d'ajouter: "En fait, leur souci était d'adapter le produit au client et d'avoir une traçabilité infaillible".

Finalement "ça s'est plutôt bien passé". "On travaille main dans la main avec eux", assure M. Flaugère. "Outre une ouverture d'esprit, cela nous apporte une sécurité commerciale, car ils font le vin comme ils veulent", estime-t-il. "On a organisé notre concurrence dans l'hémisphère sud", se félicite-t-il, soulignant que de 1986 à 2003, les ventes à +Direct Wine+ sont passées de 2 à 300 hl de vin à 10 à 13.000 hl -dont 3.000 hl de Blancs-, soit 30 à 40% de la production de la coopérative.

Chargés de "contrôler la qualité du vin", John et Gareth surveillent chaque jour "la progression de la fermentation" et "déterminent les différentes techniques à utiliser".

"Un Chardonnay peut être vinifié dans des styles différents", explique l'Australien, "venu avec un esprit ouvert" et "disposé à essayer tout ce qui est légal pour rendre le vin meilleur", "A la différence des Français, les vinificateurs australiens n'ont aucune tradition", fait-il observer. "Nous avons la technique et nous y introduisons l'art et le coeur, tandis que les Français partent de la tradition et y introduisent la technique", ajoute cet amoureux du vin.

"Ils utilisent souvent des levures naturelles, ce qui n'est pas forcément mieux car certaines peuvent donner un très mauvais goût au vin", poursuit l'oenologue, alors qu'il existe "des milliers de variétés de levure". Et de résumer sa philosophie : "Nous ne voulons prendre aucun risque, car si les 250 hl d'une cuve sont perdus, c'est autant de dollars de perdus".


Partager
Inscription à notre newsletter

NEWSLETTERS

Newsletters

Soyez informé de toute l'actualité de votre secteur en vous inscrivant gratuitement à nos newsletters

MATÉRIELS D'OCCASIONS

Terre-net Occasions

Plusieurs milliers d'annonces de matériels agricoles d'occasion

OFFRES D'EMPLOIS

Jobagri

Trouvez un emploi, recrutez, formez vous : retrouvez toutes les offres de la filière agricole