Les marchés des terres viticoles de Provence et de Languedoc-Roussillon ont été particulièrement actifs ces derniers mois, relève Michel Veyrier, président de Vinea Transaction, une agence de transaction immobilière spécialisée dans ce secteur.
Depuis le début des années 90, des domaines de qualité du Languedoc enregistrent des hausses de prix de 10 à 15% chaque année. Le mouvement s'est poursuivi au premier semestre 2003 notamment dans le secteur de Montpellier et en bord de mer, selon Vinea. En revanche, les prix des terrains des appellations génériques Corbières et Minervois ont enregistré des baisses allant de 5 à 10% depuis 2000, note M. Veyrier.
Les propriétaires de crus bordelais, à l'étroit dans leurs terres girondines, ont ces dix dernières années, multiplié les achats dans le Languedoc-Roussillon dont le territoire viticole s'étend sur 300.000 hectares (40% du terroir vinicole français). Ils y ont développé des gammes de vins axés sur le cépage, notamment appréciés par les consommateurs internationaux perdus dans les multiples appellations françaises.
"Proposé entre 9.000 et 12.000 euros dans les années 80, l'hectare du Languedoc est aujourd'hui négocié entre 10.000 et 38.000 euros", indique M. Veyrier. A titre de comparaison, un hectare de Graves est échangé autour de 68.000 euros et la même surface dans le Médoc est quasi impayable", ajoute l'expert.
Dans le bordelais, la chute des prix de génériques et des Côtes s'est poursuivi au premier semestre. En revanche, les prix des vignobles de Saint-Emilion restent très tendus, indique Vinea Transaction.
La soif des investisseurs pour le vignoble de Provence n'est pas prête à être étanchée, notent les experts. Le succès des vins rosés (les ventes de rosés dépassent à présent en France celles de blancs) n'y est pas étranger mais aussi le pouvoir de séduction de la région.
"Les achats --prix compris entre 30.000 et 90.000 euros pour le haut de gamme dans la région de Bandol ou de Porquerolles-- se font sur un coup de coeur. Séduits par une belle villa, des particuliers aisés britanniques ou scandinaves, se reconvertissent dans le vin. Pour eux c'est une manière agréable et rentable de préparer leur retraite", explique M. Veyrier.
Actuellement, un Californien s'apprête à signer un chèque de 17 millions d'euros pour s'installer dans une propriété de 70 hectares dans le Var", indique l'expert immobilier.
Les prix des terrains de Côte-du-Rhône restent tendus, les propriétés à vendre étant rares. Dans cette région, le prix de l'hectare a augmenté de 150% en dix ans, atteignant 2,2 millions d'euros.
En Bourgogne l'offre de propriétés est quasi inexistante et en Champagne le marché reste confidentiel, note Vinea.\n Aujourd'hui pour les investisseurs, les propriétés viticoles sont des placements à part entière, capables de rivaliser avec la bourse.
En 2002 alors que le CAC 40 abandonnait 30%, les prix des vignobles bénéficiant d'une Appellation d'origine contrôlée (AOC) progressaient de 5,6%, soit une hausse identique à celle enregistrée en 2001. En 2000, année faste, les prix avaient augmenté de 13,3% et entre 1991 et 2002 les vignes se sont valorisées de 42% en moyenne", constate M. Veyrier. |