Comme chaque année depuis près de vingt ans, les Français sont invités à donner les 28 et 29 novembre 2003 des denrées non périssables aux quelque 80 000 bénévoles répartis sur 10 000 points de collecte à travers le pays. "On ne meurt pas de faim en France mais on y souffre de malnutrition ou de sous-nutrition", a rappelé la Fédération, qui assure le tiers de cette aide en France. En 2002, les 60 500 tonnes distribuées ont permis de servir 121 millions de repas à 800 000 personnes. La France ne déroge pas au constat que fait l'organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) dans son rapport 2003 : la faim regagne du terrain dans le monde, qui compte 842 millions de personnes sous-alimentées, dont 10 millions dans les pays industrialisés. Cette "pauvreté alimentaire perdure et la situation se dégrade : on constate une augmentation de la demande", a déclaré à l'AFP Pierre de Poret, président de la FFBA, qui regroupe 79 banques alimentaires. La "typologie" des gens mal-nourris a aussi évolué avec "beaucoup de réfugiés, d'avantages de jeunes (18-30 ans) et de femmes seules ou avec des enfants", a expliqué M. de Poret, qui n'y voit qu'une "répercussion chez les populations les plus touchées par la précarité de l'évolution globale de la société". De plus, "la situation économique n'est pas bonne et les conséquences à venir de la multiplication des plans sociaux" sont autant de motifs d'inquiétude pour les banques alimentaires. Fin septembre, le ministère des Affaires sociales évaluait à 155 000 le nombre de licenciements économiques depuis le début de l'année. Le chômage entraîne "une chaîne de traumatismes et au bout de la chaîne, on retrouve des personnes qui viennent chercher une aide alimentaire", a déploré M. de Poret. Membre du collectif Alerte qui regroupe une quarantaine d'associations de lutte contre la précarité et l'exclusion, la FFBA "s'inquiète des conséquences possibles de certaines mesures gouvernementales en cours d'adoption comme le RMI-RMA (revenu minimum d'activité) et la réduction de l'ASS (allocation spécifique de solidarité pour les chômeurs en fin de droits)". "Attention, dans les politiques actuelles, on a tendance à oublier ceux qui sont tout en bas de l'échelle et qui ont besoin d'accompagnement", a averti le président de la FFBA, qui craint de ne pas "être nécessairement en mesure de servir tous" ceux qui se présenteront pour recevoir une aide alimentaire. POur l'heure, il s'agit de faire face, grâce à "la chaîne de solidarité à laquelle peuvent participer tous les Français" en donnant à la sortie des grandes et moyennes surfaces de la nourriture. Les denrées les plus attendues sont les conserves de poisson, de légumes, de viande et de crèmes dessert, les plats cuisinés, les petits pots pour bébés, le lait maternisé et lait UHT, les céréales, les potages, les compotes, les fruits au sirop, l'huile mais aussi du thé, du café, des plaques de chocolat et des fruits secs. Les denrées collectées sont ensuite distribuées par les banques alimentaires fédération à 4 300 associations et organismes sociaux (épiceries sociales par exemple) qui sont déjà implantées sur le terrain, au contact des personnes. |