Dr Thillier, coauteur de "Le procès de la vache folle n'aura pas lieu"

Q: Pourquoi avoir choisi ce titre ?
R: "C'est un choix évidemment provocateur. Pourquoi +Le procès de la vache folle n'aura pas lieu+ ? Parce que ceux qui s'occupent actuellement de ce dossier en France, comme Marie-Odile Bertella-Geffroy (la juge d'instruction chargée notamment de l'affaire Buffalo Grill, NDLR), ne s'occupent que de la partie superficielle de l'iceberg et ne vont pas en profondeur. Parce que le fond est évidemment inextricable, fait de liens complexes et de strates superposées. C'est tout l'objet du livre".

Q: Le fond, c'est avant tout l'ignorance des causes réelles de l'ESB ?
R: "Mon premier combat a été de montrer que l'ESB n'était pas un virus, autrement dit qu'un bovin contaminé, placé au sein d'un troupeau sain ne pouvait pas contaminer les autres. Mon deuxième, de prouver qu'un bovin contaminé n'avait que la moelle épinière et le cerveau d'atteints, et pas du tout les muscles et le lait. Le troisième, enfin, était de démontrer que seul le veau pouvait être contaminé. Or - et c'est le paradoxe -, il ne mange pas de farines. Il y avait donc une troisième voie. On a parlé de l'environnement en évoquant la possibilité de contaminations croisées, mais elles ne résistaient pas aux analyses. Il restait une deuxième source alimentaire non étudiée, celle des veaux".

Q: Le système d'équarrissage français, selon vous, a failli ?
R: "En 1990, un an après les Britanniques, Henri Nallet, le ministre de l'Agriculture, a fait interdire toutes les protéines de bovins. C'était une sage décision car le prion est une protéine. Mais on avait oublié que cette protéine aimait se réfugier dans les corps gras. Or, les graisses n'ont été interdites en France qu'en 2000, et comme les matériaux à risque (moelle épinière, cervelle) n'ont été interdits qu'en 1996, soit plus de six ans après les Britanniques, on a continué à recycler le poison via les filières d'équarrissage. C'est ce qui a empoisonné le système. La société s'est hyper-polarisée sur les farines, qui n'étaient pas la cause de la contamination. D'où l'échec de leur interdiction".


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