Les paysans, porte-parole d'un droit des populations à se nourrir

La "souveraineté alimentaire" est un concept mis en avant par les mouvements internationaux paysans comme la Via Campesina et de nombreuses ONG de développement: elle représente le droit des pays et des populations à se nourrir et à soutenir le type d'agriculture qu'ils souhaitent.

"En poussant la vision libérale de l'OMC (Organisation mondiale du commerce, ndlr), on arrive à des situations où des pays du Sud ne produisent que pour exporter et doivent importer de quoi se nourrir", a expliqué à l'AFP Catherine Godard, du CCFD (comité catholique contre la faim et pour le développement).

Ainsi, "le Brésil ou le Chili sont d'importants agro-exportateurs, notamment de soja pour nourrir le bétail du monde entier, mais une partie de leur population souffre de la faim", a-t-elle fait valoir.

Au Brésil, hôte du Forum social mondial (FSM) qui s'ouvre jeudi, ce problème est devenu une priorité nationale : le président Lula a notamment été élu sur son programme "Faim zéro", qui sera lancé officiellement le 30 janvier.
Forum paysan et FSM aborderont cette question avec l'ambition "de définir un calendrier et de prévoir des actions communes sur tous les continents pour arriver à faire inscrire le thème de la souveraineté alimentaire dans l'OMC et dans le droit international", selon François Dufour, vice-président de l'association antimondialisation libérale Attac.
Porto Alegre tombe à mi-chemin entre le dernier sommet de la FAO (fédération des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) et les négociations de l'OMC en septembre à Cancun (Mexique), précédée d'une réunion sur les propositions agricoles fin mars à Genève.
"L'an passé, nous avions dénoncé à la FAO l'augmentation de 800 à 850 millions du nombre de personnes souffrant de la faim, depuis la création de l'OMC en 1995", a déclaré à l'AFP José Bové, leader français de la Confédération paysanne, soulignant que "60% sont des paysans et des ruraux".
"Les règles de l'OMC obligent les pays du Sud à ouvrir leurs frontières, à démanteler les politiques de soutien à l'agriculture et à aligner les prix d'achat aux paysans sur les cours mondiaux", note-t-il.
Selon les analyses des ONG, la libéralisation de l'agriculture s'est doublée d'une "dépossession" des petits exploitants, centrés sur les productions vivrières, au profit de cultures d'exportation contrôlées par les multinationales ou de grands exploitants.
C'est ainsi que les mouvements des "Sans Terre" feront partie intégrante des débats, à l'instar du puissant MST brésilien (plus de 15 ans d'existence et 1,5 millions de membres).
D'autres viennent tout juste de naître, a expliqué M. Dufour, comme les "Sans terre d'Afrique du Sud, dans le cadre de la réappropriation de la terre, qui ont rallié la mouvance depuis les contacts noués à Johannesburg" lors du sommet de la Terre.
Les militants paysans s'attaqueront aussi aux OGM (organismes génétiquement modifiés), qui représentent "une dépossession encore plus poussée de la maîtrise et du choix de production des petits agriculteurs", qui entrent dans une relation de dépendance avec leurs semenciers, souvent des multinationales comme l'américain Monsanto, selon le CCFD.


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