Les producteurs de vins et eaux français peu émus par les menaces US

Faire payer aux produits français les positions de Paris sur l'Irak ou le commerce international: l'idée est dans l'air du temps à Washington, où Dennis Hastert, président républicain de la Chambre des représentants, réclame un projet de loi en ce sens.

Ces nouvelles d'outre-atlantique n'ont pas ému outre mesure les exportateurs de vins et spiritueux interrogés par l'AFP, et ce en dépit de l'importance des exportations française de vin vers l'Amérique.

La France exporte chaque année vers les Etats-Unis plus de 1,5 milliard d'euros de boissons, en grande partie alcoolisées, selon des chiffres des Douanes françaises. Un montant qui croîtra en 2002, puisqu'il s'établit à 1,720 milliard pour les 11 premiers mois de 2002, contre 1,645 milliard pour l'ensemble de 2001.

"En 2001, la France a exporté dans le monde pour 7,5 milliards d'euros de vins et spiritueux, soit plus de deux milliards de bouteilles, l'équivalent du prix de 110 à 120 Airbus de moyenne gamme", explique Louis-Régis Affre, délégué général de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux. Environ 20% de ce total sont exportés vers les Etats-Unis, a-t-il indiqué.

Selon M. Affre, les menaces de sanctions américaines ne sont que "réactions de passion et propos de provocateurs, des déclarations intempestives et politiques sans grande importance".

"Tout cela n'est pas si simple et souvent, les menaces de rétorsion se révèlent inefficaces et n'ont pas les effets escomptés", ajoute-t-il.

A Washington, le sénateur Hastert a par exemple évoqué l'idée d'imposer "une étiquette de couleur orange vif" sur les bouteilles de vin français, avertissant qu'il aurait pu être clarifié à l'aide de poudre de sang de boeuf".

"C'est à la fois inutile et techniquement impossible", relève M. Affre, en rappelant que cette pratique de clarification est interdite dans l'Union européenne depuis 1998 pour cause de maladie de la vache folle.

"Quelle que soit l'époque, les relations commerciales entre la France et les Etats-Unis ont toujours été musclées", conclut M. Affre, se disant "davantage préoccupé par la situation internationale et le ralentissement économique".

A l'Union des maisons de champagne, le président Yves Bénard, "n'a rien remarqué de particulier avec les Etats-Unis". "Tout va bien pour l'instant", indique-t-il simplement.

L'inquiétude n'est pas non plus de mise du côté des eaux minérales. Danone "ne se sent pas vraiment exposé par ces menaces, pour une double raison: nous fabriquons aux Etats-Unis des produits locaux sous le logo américain Dannon, et ce depuis 1942" et "notre seule eau exportée aux Etats-Unis, Evian, est distribuée sous licence américaine par Coca Cola", explique le groupe.

"Si les eaux minérales ont déjà fait partie des listes de produits sujets à rétorsion en cas de violations des réglements de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), les vins, pourtant très présents dans les exportations françaises, n'en ont jamais fait partie", remarque un expert des négociations à l'OMC, en doutant que les vins français soient un jour sanctionnés.

"En effet", ajoute-t-il, "les acheteurs américains font en sorte de ne pas se priver d'un produit à forte marge pour eux".


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