Le coton africain menacé par les subventions américaines et européennes

Dès septembre 2002, le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, dont le pays très pauvre est le deuxième producteur de coton d'Afrique de l'ouest, avait accusé les Etats-Unis et l'Union européenne de "comportement anti-concurrentiel".

Il est récemment revenu à la charge devant des partenaires économiques, estimant que "de nombreux pays africains de l'ouest et du centre, producteurs de coton, sont en ce moment victimes d'injustice de la part des puissances commerciales que sont les Etats Unis et l'Union européenne qui, allègrement, subventionnent leurs productions au mépris des règles de l'OMC".

En 2002, les Etats-Unis ont alloué 3,9 milliards de dollars de subventions à ses producteurs de coton, soit l'équivalent de trois fois l'aide accordée à l'Afrique.

Selon Oxfam, une ONG britannique, les subventions font perdre aux producteurs africains 300 millions de dollars chaque année et leur annulation permettrait d'augmenter de 25% le prix du coton africain.

De son côté, le président exécutif du groupe L'Aiglon, le Malien Sidi Kagnassy, un des principaux producteurs de coton fibre (235.000 tonnes) dénonçait récemment une "paupérisation" des paysans africains, due selon lui aux subventions et à la baisse des cours.

"La suppression des subventions américaines à elles seules auraient permis d'augmenter les recettes cotonières d'environ 250 millions de dollars pour les pays d'Afrique de l'ouest et centrale. Ceci représente environ 14% des flux d'aide publique au développement dans la zone. Cela prouve bien l'impact de cette politique de subvention sur nos économies", a estimé le richissisme homme d'affaires malien, dont le pays est le premier producteur d'"or blanc" en Afrique francophone avec plus de 500.000 tonnes par an.

Pour mettre fin à cette situation, Bénin, Burkina, Mali et Tchad, ont annoncé la semaine dernière leur intention de saisir l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Réunis à Ouagadougou, les ministres du Commerce de ces pays ont décidé de demander à l'OMC d'examiner de "manière spécifique" la question lors du prochain round de négociations, en septembre prochain au Mexique.

Cette plainte "vise à la fois à chercher à réparer une injustice mais aussi à appuyer davantage les efforts de développement de leurs Etats", dont le coton représente la première sources de devises, a déclaré Benoît Ouattara, ministre burkinabè du Commerce.

Les subventions "compromettent sérieusement" les politiques de développement économique des pays pauvres, dont l'"or blanc" est l'une des principales sources de financement. Elles vont également à l'encontre des efforts déployés ces dernières années par les paysans africains pour rendre leur production compétitive, ont déploré les ministres dans un communiqué conjoint.

L'Afrique francophone produit chaque année environ un million de tonnes de coton et représente 16% du marché mondial.

Soulignant l'isolement des pays africains au sein de l'OMC, un économiste d'Abidjan estime que le "Continent doit compter sur un avocat représentatif à l'OMC, notamment la France", s'il souhaite imposer ses vues.

"Les règles ont déjà été édictées et donc la question pour nous est de changer ces règles. Il s'agit d'une véritable guerre et nos stratégies de quémandeurs ne nous aident pas à nous imposer", renchérit M. Kagnassy.

Pour lui, " l'Afrique sera sans doute obligée de se protéger avec des barrières tarifaires et de développer la transformation locale de certains produits." "Si l'on respecte les règles de l'OMC, tout le monde doit les respecter", a-t-il conclu.


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