Le développement du Sud passe par des échanges rééquilibrés

L'objectif de la France "est de faire en sorte que la libéralisation des échanges puisse se faire réellement en faveur des pays en développement", a déclaré le ministre délégué à la Coopération, Pierre-André Wiltzer, en ouvrant la cinquième Conférence annuelle sur l'économie du développement.

Le ministre a fait ainsi allusion à la proposition du président Jacques Chirac d'un moratoire des pays riches sur "les aides aux exportations agricoles déstabilisantes" vers l'Afrique.

Ce rééquilibrage des échanges en faveur du continent africain est d'autant plus nécessaire que les transferts de richesses ont eu lieu depuis vingt ans de l'Afrique vers les pays occidentaux, a assuré M. Wiltzer en citant un rapport, ce qui "n'était pas l'objectif visé".

Nicholas Stern, chef économiste de la Banque mondiale, a quant à lui déploré que le revenu par habitant des pays d'Afrique subsaharienne ait stagné au cours des dernières décennies, et même que l'espérance de vie y ait baissé dans les années 1990 à cause du sida.

Pour autant, la volonté de certains pays africains de voir diminuer les subventions agricoles des Etats-Unis et de l'Union européenne s'apparente à "un combat de David contre Goliath", a dénoncé Tertius Zongo, ambassadeur du Burkina Faso aux Etats-Unis et ex-ministre de l'Economie de son pays.

"En quoi le multilatéralisme défend-il aujourd'hui la cause du pauvre, de celui qui n'a pas les moyens de se défendre", a-t-il demandé, alors que "nous savons que toutes ces subventions sont contraires aux règles de l'OMC ?" Le Bénin, le Burkina Faso, le Mali et le Tchad viennent de saisir l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) pour protester contre les subventions de certains Etats occidentaux à leur secteur cotonnier, qui font baisser les cours mondiaux et ruinent les paysans africains.

"Des paysans (burkinabés) ont scolarisé leurs enfants au Canada ou en France. Avec la déprime des cours, que voulez-vous que les paysans fassent" pour continuer à payer ces études?, a lancé M. Zongo, auquel s'est jointe l'ONG britannique Oxfam pour dénoncer la différence entre le montant annuel de l'aide au développement (50 milliards de dollars) et celui des subventions agricoles des pays riches (plus de 350 milliards).

La protection de la propriété intellectuelle par les brevets, qui doit s'étendre à terme à tous les pays membres de l'OMC, les plus pauvres compris, a également suscité une polémique.

"Il ne faut pas accorder de brevets étendus à des facilités essentielles", comme un gène ou un médicament de base, a jugé le professeur français Claude Henry, du Conseil d'analyse économique (CAE), car cela limite selon lui leur accès pour les pays en développement.

"Il n'est peut-être pas souhaitable de généraliser à tous les pays en développement un système de protection de la propriété intellectuelle qui est malade sur le plan juridique, malade sur le plan technique, malade sur le plan économique", a-t-il ajouté.

Tel n'a pas été l'avis du président du lobby de l'industrie pharmaceutique (FIIM), Harvey Bale, qui pousse à une uniformisation mondiale du droit des brevets appliqué dans les pays du Nord.


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