Les cours du poivre ont enregistré l'an dernier de vives secousses après les niveaux relativement faibles enregistrés en 2000 et 2001. En avril 2002, en une dizaine de jours, le prix de la tonne de poivre noir a été multiplié par deux, passant de 950 dollars à 1.900, constate le cercle économique Cyclope dans son dernier rapport annuel sur les marchés mondiaux. L'International Pepper Community (IPC) de Djakarta aurait été responsable de ce brutal réveil, révisant à la baisse, de 20%, ses prévisions de récolte de poivre au Vietnam. Ces estimations furent violemment contestées par les courtiers hollandais et fin 2002, l'IPC était obligée de se rendre à l'évidence: la production vietnamienne avait atteint 77.000 tonnes, en hausse de 33% par rapport à l'année précédente, confirmant le Vietnam comme premier producteur mondial de cette épice (35% du marché). En 2003 selon l'IPC, la production de poivre au Vietnam pourrait s'élever à 90.000 tonnes, en Inde à 65.000 tonnes, en Indonésie et au Brésil aux environs de 48.000 tonnes. Le marché du poivre blanc est également chahuté depuis quelques mois en raison des conditions climatiques sévissant en Indonésie: la récolte sur l'île de Bengka (80% de la production mondiale) a été quasi nulle au premier trimestre 2003, provoquant une hausse torride des cours à 3.000 dollars la tonne. La récolte de juin semble également menacée car les poivriers ont dépéri, la mousson n'ayant pas apporté la quantité d'eau nécessaire au développement de ces arbustes, indiquent les experts de Cyclope. La modification des habitudes alimentaires en Asie (Inde et Chine) contribue également à la hausse vertigineuse des cours du poivre. La demande intérieure explose en Inde qui pourrait rapidement devenir un importateur net. Négociée entre 150 et 200 dollars le kilo, soit trois à quatre fois les cours affichés durant les années 90, la vanille n'a pas souffert de la baisse de sa consommation dans les pays industrialisés, aux Etats-Unis et en Europe notamment. Les industriels remplacent de plus en plus la vanille par de la vaniline, son substitut chimique. En fait, les cours de la vanille atteignent des records en raison des "multiples fléaux, climatiques et politiques qui ont assailli Madagascar depuis trois ans. Fin 2002, les professionnels continuaient à broyer du noir, tablant sur une production toujours faible en 2003, en tout cas insuffisante malgré la baisse de la demande pour ramener les prix à des niveaux raisonnables", indiquent les experts de Cyclope. Cyclope affirme par ailleurs que "le haut niveau des cours de la vanille ne doit pas grand chose à l'irruption d'un nouvel et important acheteur, Coca-Cola" qui a lancé une nouvelle boisson parfumée à la vanille. En revanche, pour le clou de girofle, 2002 a été désastreuse: entre juillet et la fin de l'année, le prix de la tonne a été divisé par près de 8 (1.500 dollars contre 7.000) en raison d'une récolte abondante (18.000 tonnes) à Madagascar, principal pays producteur, avec Zanzibar, de cette épice. En provoquant une chute des ventes de cigarettes, la hausse des taxes sur le tabac en Indonésie est à l'origine de cet effondrement. Les Indonésiens transforment les clous de girofle en tabac, pour leurs célèbres "kretek". |