Les vignerons plus inquiets d'une guerre que d'un boycott américain

Ils exploitent 11 hectares de vigne, un domaine respectable pour la Champagne, produisent quelque 80.000 bouteilles sous leur nom propre chaque année, et livrent une partie de leur raisin à une grande maison de négoce.

"L'exportation tient une large part dans nos ventes, quelque 75%", explique Elisabeth, cheveux courts, lunettes sages, lauréate d'une grande école de commerce et vigneronne "militante" au sein du syndicat général et dans le Comité Interprofessionnel des vins de Champagne (CIVC).

C'est Philippe qui soigne ses vignes, comme un Britannique son gazon. Des vignes anciennes qui enfoncent loin leurs racines dans la craie du massif de Saint Thierry, et avec des rendements limités mais "qualitatifs". C'est lui qui vinifie, comme un alchimiste, ses différents crus.

C'est sans doute pour cela qu'ils ont été sélectionnés par les guides des vins anglo-saxons, dans lesquels ils figurent avec des appréciations élogieuses.

Mais c'est aussi parce que depuis six ans, ils ont décidé de "travailler" le marché américain. Elisabeth se rend aux Etat-Unis tous les ans, pour rendre visite aux distributeurs de "ses" champagne, à New York, Chicaco et sur la côte ouest. "Environ 15% de notre chiffre d'affaire vient maintenant d'outre-atlantique", explique-t-elle.

"Avec un peu plus de 18 millions de bouteilles, sur quelque 100 millions de bouteilles de +sparkling+ consommées aux States, le champagne français reste une niche haut de gamme, et nous sommes nous-mêmes une niche de la niche", raisonne-t-elle.

"Les consommateurs de champagne sont plutôt dans un segment de population à pouvoir d'achat élevé, qui ont moins tendance aux réflexes hyper-nationalistes irraisonnés (...) et nous avons su développer une clientèle de connaisseurs fidèles".

"Il faut en plus noter que les stocks de 2002 ont été entièrement consommés et que nous avons livré en février plusieurs milliers de bouteilles pour réalimenter nos distributeurs, tout a fait normalement", souligne-t-elle.

"Les maisons qui vendent des produits de grande consommation risquent de sentir un peu un éventuel boycott", tempère-t-elle.

"Pour nous tous, il faut plus craindre, dans le cas d'une guerre déclarée une morosité du public, une attitude un peu puritaine tendant à ne pas s'amuser pendant que les +boys+ se battent, une rétraction économique généralisée, un rétrécissement du +feel good factor+ qui pousse à déboucher une bouteille".

"Mais cela ne touchera pas seulement les Etats Unis, on le voit avec la rétraction de consommation allemande depuis que la situation économique y est tendue, et là, nous serons tous dans le bain", conclut-elle.


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