Ils ont entrepris dernièrement de conforter leur indépendance et leur position de leader dans le Grand Est en investissant 5 millions d'euros jusqu'en 2004 sur leur site de Strasbourg, soit l'équivalent de 40 % de leur chiffre d'affaires annuel. Ce programme, qui introduit un pilotage d'usine par informatique, "fera de nous une PME high tech", explique fièrement Pierre Schulé, le PDG de l'entreprise, qui ne compte que 48 salariés. Le dirigeant avoue d'ailleurs "avoir l'impression de baigner dans le café" depuis ses premiers jours, tant l'aventure de la Société alsacienne de torréfaction et d'importation (Sati) apparaît comme une longue histoire de famille. Au père, Georges, revient le rôle classique du pionnier. A 26 ans, en 1900, après un apprentissage chez un torréfacteur, il prend son indépendance pour créer sa propre boutique au centre de Strasbourg. Pour contourner la toute-puissance des grands exportateurs, il construit son propre réseau de négociants et peut ainsi choisir ses cafés, au Brésil, en Colombie et dans toute l'Amérique centrale. Georgette, la mère, qui reprend l'affaire à la mort de son mari en 1960, prend le virage décisif : celui de la grande distribution. Pressentant l'importance croissante que cette forme de commerce est appelée à revêtir, elle ferme le magasin historique de détail pour commencer à implanter la marque dans les premiers hyper et supermarchés. La grande distribution représente aujourd'hui 90 % de l'activité. Pierre, le fils, sera à partir des années 1980 l'homme de la modernisation et de l'ouverture à l'international. Il lance l'emballage sous vide avant de constituer une filiale en Pologne, en 1993. Une fois encore, Sati n'a pas tardé à réagir: quelques jours après la chute du Mur de Berlin, le PDG part en Europe de l'Est pour "humer" le marché puis s'y installer, malgré quelques soubresauts liés à l'instabilité du partenaire local. Pas étonnant, au vu de cette histoire, que Sati ait vite embrayé sur les dernières tendances. "A la suite de voyages aux Etats-Unis, nous avons lancé des cafés aromatisés (vanille, chocolat) afin de séduire la clientèle jeune et féminine. Mais le torréfacteur alsacien dispose surtout d'une gamme doublement labellisée "agriculture biologique et commerce équitable" depuis son adhésion il y a trois ans au programme Max Havelaar destiné à protéger les petites producteurs au Mexique et au Pérou pour leur garantir un juste prix. Le café "éthique" représente aujourd'hui 5 % des ventes, un chiffre supérieur à la moyenne française, souligne M. Schulé. |