La forêt européenne n'est pas en péril. Il ne s'agit plus à quelques exceptions près (en Russie et en Pologne) d'une forêt naturelle, mais d'une forêt façonnée de longue date par l'homme. En outre, elle ne cesse de croître du fait de l'abandon de terres cultivées. En France, la forêt a doublé de superficie depuis le milieu du 19e siècle. On peut donc acheter un sapin naturel sans remord. D'autant que le sapin artificiel coûte plus cher et n'est pas plus écolo pour autant : pour le produire, il faut du plastique et de l'énergie, émetteurs de gaz à effet de serre, responsables du changement climatique. Choisi pour durer, la sapin artificiel est généralement renouvelé tous les trois ans, soit parce qu'il se démode, soit parce qu'il se couvre de poussière. Le sapin artificiel représente un achat sur six en France, selon les professionnels de l'horticulture (ONIFLHOR). Sa part de marché est plutôt en régression. La mode est au Nordmann, un sapin naturel de belle allure aux aiguilles très résistantes. Le Nordmann progresse à toute vitesse: il pèse près de la moitié des sapins vendus en France contre 25% en 1998. L'Epicéa traditionnel n'est pourtant pas sans attrait : il coûte presque deux fois moins cher, et il sent très bon. On peut aussi trouver, mais plus rarement, le Nobilis (ou Douglas, aux aiguilles bleutées), le sapin bleu (Picea pugens ou épicéa du Colorado) et l'Omorika (ou épicéa de Serbie).
Tristes squelettes
Le Danemark est le premier producteur de Nordmann. L'Allemagne, la Grande-Bretagne et la France sont les trois plus gros consommateurs européens de sapins de Noël. Le berceau de la tradition serait l'Alsace (est de la France), où l'arbre de Noël est mentionné pour la première fois en 1521. Il est ensuite introduit en France par la princesse Hélène de Mecklembourg qui l'apporte à Paris en 1837, après son mariage avec le duc d'Orléans. Il est déjà bien installé au 18e siècle en Allemagne, en France et en Autriche. A l'époque victorienne, un sapin qui se respecte doit compter 6 hauteurs de branches et être délicatement disposé sur une table recouverte d'une nappe de damas blanc. Une fois la variété choisie, reste à examiner le pied: coupé ou en pot? Le pot fait plus chic, mais le plus souvent c'est du toc : le pot cache une vague motte de terre et des racines sectionnées, ce qui compromet sérieusement les chances de reprise au jardin après trois semaines au chaud dans le salon. Pour avoir de bonnes chances de le replanter, il faut choisir un sapin élevé directement en conteneur, par opposition au sapin élevé en terre puis transféré en pot, explique Frédéric Naudet, qui exploite la plus grosse pépinière de sapins du Morvan (centre de la France). Et puis... c'est fini: Noël passé, de tristes squelettes de sapin endeuillent les trottoirs. On peut encore faire une bonne action en emballant son sapin dans un sac vendu par une association humanitaire. Ou le rapporter au magasin : chaque année, Ikea rembourse en bons d'achat l'acheteur qui aura rapporté son sapin, et verse un euro à l'Office national des forêts pour des projets de plantation. Un geste à moitié écolo : planter des arbres, c'est bon pour l'environnement, mais faire 50 km en voiture pour acheter le sapin, puis le rapporter l'est beaucoup moins. D'autant que la plupart des sapins vendus par ce distributeur sont importés par camion du Danemark. |