(© G.Lapaque/Ligérienne de Presse)
-Comment avez-vous accueilli la publication du rapport Cap 2010 élaboré par Jacques Berthomeau et son "groupe des 6" ? Quels en sont les points positifs ?
-Jean-Luc Roché : Ce rapport est une bonne chose, mais je crains que les propositions qui y sont évoquées ne soient pas suivies de beaucoup d'effets. En tout cas, cela risque de prendre du temps et je suis pessimiste sur l'avenir qui sera réservé à ce plan.
En ce qui concerne la simplification de l'offre, cela me semble être une proposition de bon sens. C'est indispensable. Les AOC sont évidemment un fleuron très important de notre viticulture et il faut absolument garder ce système. Mais à l'évidence, c'est beaucoup trop complexe pour le consommateur. Fait-il vraiment la différence entre un Morgon et un Fleury, ou entre un Montlouis et un Vouvray ?
Je crois que les secteurs sont bien trop séparés en France. La séparation entre les Vins de table et les Vins de Pays me semble par exemple être une erreur.
Aujourd'hui, la réalité du marché est que des Vins de table de qualité sont vendus plus chers que certaines AOC médiocres. On trouve des Bordeaux en "cubi" moins cher qu'un bon vin de table ! Où est la hiérarchie défendue par certains qui ne veulent pas qu'on mélange dans les rayons "les seigneurs et les roturiers" ?
Il faudrait donc vraiment que ce rapport aboutisse à un changement car certaines appellations et certains producteurs vont souffrir. On va vers une segmentation avec, d'un côté, les bons vins travaillés avec des marques et de l'autre, l'élite avec de grandes AOC. Pour les intermédiaires, ceux qui sont entre les deux, ce sera plus difficile !
Aussi, ce qui me semble intéressant dans le rapport Cap 2010, c'est de pouvoir faire évoluer cette segmentation et la simplifier. Il ne s'agit pas de remettre en cause les AOC ni la notion de terroir. Elles sont irremplaçables et il faut se battre pour les conserver. Elles sont en outre utiles pour le consommateur qui a besoin de références. Le problème, c'est celui de ces vins d'AOC médiocres qui n'ont rien à voir avec la définition de leur AOC. C'est d'ailleurs le meilleur moyen pour qu'un consommateur se détourne totalement d'une AOC. Il y aurait beaucoup de chose à dire au niveau des agréments…
-A contrario, quels sont les points qui vous semblent les moins positifs ou les plus délicats à mettre en œuvre ?
-Jean-Luc Roché : Je ne trouve pas qu'il y ait de points négatifs dans ce rapport. Ce qui sera délicat, je le répète, c'est d'arriver à ce qu'il aboutisse à des réformes. Je crains qu'il ne tombe aux oubliettes à cause des pesanteurs administratives ou d'un manque de volonté ou de courage d'une partie de la profession.
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