
"Il faut cesser d'entretenir l'image élitiste du vin français" (© G. Lapaque (Ligérienne de Presse))
-Comment avez-vous accueilli la publication du rapport Cap 2010 élaboré par Jacques Berthomeau et son “groupe des 6” ? Pourriez-vous nous dire quels sont les points positifs que vous retenez ? Serge Dubs : Cela fait une dizaine d'années que l'on s'interroge sur l'avenir de la viticulture française. C'est bien que des spécialistes se penchent sur cette question de manière officielle : il faut réussir à ce que le monde du vin intéresse les jeunes, intéresse de nouveaux marchés, dans le respect des traditions. Il faut également que l'ensemble des acteurs de la filière s'impliquent : la viticulture bien sûr mais également l'hôtellerie et les responsable de la formation.
C'est une très bonne chose que les auteurs de ces rapports envisagent de mettre en place des actions de marketing qui permettent à la production viticole française de rivaliser avec les autres pays producteurs. Car au delà de l'enjeu pour la filière viticole, il s'agit aussi d'un véritable enjeu pour la culture et pour la langue françaises qui doivent défendre leur première place dans le domaine de la gastronomie et de la sommellerie.
On a voulu nous faire croire, à travers le monde, que notre système d'appellations d'origine contrôlée était caduque et qu'il n'y avait plus de place que pour les vins de cépage et même uniquement pour quelques cépages. C'est faux ! Et les différents rapports qui viennent d'être publiés rappellent que notre système d'AOC a toute sa place dans le marché mondial du vin.
Il faudra sans doute apprendre à avoir un message plus clair à propos du vin. Il faut cesser d'entretenir l'idée selon laquelle les vins français ne seraient pas donnés à tout le monde. Il ne faut pas rendre trop élitiste notre façon de parler du vin. Le monde de la sommellerie et du vin doit rester accessible à tous. Le vin français doit apprendre à se faire aimer dans le monde entier !
A contrario, quels sont les points qui vous semblent les moins positifs ou les plus délicats à mettre en oeuvre ? Serge Dubs : Il faut surtout espérer qu'au-delà de ces réflexions, il y ait des actions concrètes qui soient réellement mises en oeuvre !
Il faudrait également engager une véritable réflexion sur la place de l'alcool dans la société, sur la loi Evin et sur la sécurité routière. Ce n'est pas en mettant le taux d'alcoolémie au volant à 0 g/l que l'on résoudra le problème de ceux qui ne respectent pas l'actuelle limitation à 0,5 g/l ! Je ne défends évidemment pas les gens dangereux.
Mais il me paraît indispensable de ne pas diaboliser le monde du vin dont il ne faut pas oublier qu'il est un facteur de développement économique et touristique essentiel pour notre pays. La France doit préserver ses racines et ses traditions nationales. |