"Raffarin avec nous", "Raffarin au secours", "le pétrole pollue la mer, le Gaucho pollue la terre" ont scandé quelque 200 producteurs de miel et sympathisants, selon la police, dont des militants des Verts et de syndicats d'agriculteurs, en pénétrant en cortège dans le petit centre-bourg de Chasseneuil-du-Poitou (Vienne), devant la mairie où le Premier ministre a été conseiller municipal. Autant d'apiculteurs venus de la moitié sud de la France ont eux défilé sur la place du capitole à Toulouse avec leurs masques, leurs enfumoirs et leurs ruches (vides). Les producteurs de miel entendaient faire pression à la veille de l'importante décision que doit prendre le ministère de l'Agriculture sur la poursuite de la commercialisation de l'insecticide Gaucho, dont la matière active, l'imidaclopride, est produite par la firme allemande Bayer. Dénonçant vivement cette firme, qui vend son produit dans 140 pays dans le monde, aux cris de "Bayer bioterroriste", ainsi que la Direction générale de l'Alimentation (DGAL), dépendant du ministère de l'Agriculture, qu'ils accusent de bloquer les dossiers de l'apiculture, les manifestants poitevins se sont ensuite rendus devant la préfecture de région à Poitiers. Sur leur parcours ils étaient passés symboliquement, mais sans s'arrêter, devant la résidence de M. Raffarin qui n'était pas présent. A Poitiers, la manifestation a été moins bon enfant qu'à de Chasseneuil. Des fûts métalliques de miel vides ont été lancés dans la cour de la préfecture. Un "mur" de ruches vides a été érigé devant les grilles et un feu de ruches, avec de la cire d'abeille pour combustible, a été allumé. Depuis 1994 les apiculteurs des zones de grandes cultures sur lesquelles sont utilisés le Gaucho mais aussi le "Régent" (finopril), ont noté que les abeilles mouraient en masse en juillet et que la production de miel baissait de 40 à 70%. Contrairement aux anciens insecticides qui étaient répandus par voie aérienne, ces produits, dits systémiques, enrobent la graine avant semence et se répandent ensuite dans la sève quand la plante se développe. Des études scientifiques ont montré qu'ils atteignaient aussi la fleur donc les abeilles sur lesquelles ils ont des effets neurotoxiques. La production de miel français est en chute libre. Les apiculteurs sont parfois contraints d'importer des abeilles, notamment d'Australie, pour renouveler leur cheptel. Les apiculteurs avaient obtenu en 1999 du ministère de l'Agriculture une suspension de l'utilisation du "Gaucho" sur les plantations de tournesol mais pas sur les autres cultures, notamment celles de maïs. Le 9 octobre dernier, le Conseil d'Etat a donné trois mois au nouveau ministre de l'Agriculture, Hervé Gaymard, pour réexaminer la demande des apiculteurs d'abroger l'autorisation, accordée par son prédécesseur, de commercialisation du "Gaucho" pour le maïs. Les apiculteurs veulent un retrait pur et simple du Gaucho, de même que la ministre de l'Ecologie, Roselyne Bachelot. |