L'Union Européenne et les Etats-unis se sont donnés jusqu'au 11 août, date du début d'une nouvelle réunion de l'OMC à Genève, pour jeter les bases d'un accord destiné à réduire leurs subventions agricoles, qui ruinent les paysans du Sud en maintenant les prix mondiaux artificiellement bas.
Il existe une "piste de solution" sur les subventions agricoles, a affirmé le ministre canadien du Commerce Pierre Pettigrew, hôte du mini-sommet de Montréal qui avait pour mission de faire sauter les verrous les plus importants avant la réunion de Cancun, au Mexique.
Le représentant américain au Commerce Robert Zoellick "a émis la suggestion de faire un mélange de différentes formules de réduction des subventions agricoles", a-t-il ajouté.
"Cela demeure préliminaire mais je crois qu'il y a une piste de solution dans ce sens", a-t-il estimé, soulignant que M. Zoellick et le commissaire européen au Commerce Pascal Lamy, tous deux présents à ce mini-sommet, avaient "commencé à élaborer un draft", ou avant-projet.
De son côté, M. Lamy a confirmé que les Etats-Unis et l'Union européenne allaient essayer de mettre au point une proposition commune.
Avec les Etats-Unis, "nous allons essayer et travailler sur les trois sujets de l'agriculture, de manière à être prêt pour le 11 août. Si c'est un succès, il y a assez de temps pour être prêt" à Cancun, a-t-il ajouté.
Les trois volets agricoles de l'OMC sont le soutien interne, les subventions aux exportations et l'accès aux marché des pays émergents.
Faisant le bilan du mini-sommet de Montréal, M. Pettigrew a estimé dans un communiqué que beaucoup de "progrès" ont été faits.
"Nous avons encore beaucoup de pain sur la planche et peu de temps (...) et nous devons nous employer de toute urgence à résoudre les problèmes principaux si nous voulons atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés lorsque nous avons lancé le Programme de Doha pour le développement", a-t-il ajouté. Le cycle de Doha doit s'achever fin 2004.
L'Europe et des Etats-Unis, qui s'étaient engagés à Doha sur le principe de l'élimination à terme des subventions, traînaient depuis les pieds qu point que les pays en développement avaient manifesté clairement leur impatience à Montréal.
"Si rien n'est fait, les pays en développement pourraient envisager en réponse de relever leurs droits de douanes", avait par exemple mis en garde Philip Kiriro, président de la fédération nationale des agriculteurs du Kenya.
Mais l'Union européenne estimait avoir fait le nécessaire en réformant sa politique agricole commune (PAC) en juin dernier, tandis que les Etats-Unis ne semblaient guère disposés à baisser leurs aides agricoles, alors que des élections sont prévues en 2004.
Les participants à la réunion de Montréal ont par ailleurs espéré un déblocage prochain des négociations sur l'accès des pays pauvres aux médicaments, en suspend depuis le refus en décembre dernier par les Etats-Unis de signer un texte de compromis ratifié par les 145 autres pays de l'OMC.
"C'est un problème de confiance entre l'industrie pharmaceutique et les pays de l'OMC, qui nous essaierons de résoudre à Geneève", a indiqué M. Zoellick.
Cet assouplissement des positions des deux superpuisssances commerciales que sont les Etats-Unis et l'Union européenne s'est esquissé alors que la pression des militants rassemblés aux abords du centre de conférence de Montréal n'a guère été massive.
Si une manifestation altermondialiste s'est soldée lundi par quelques vitrines et pare-brise brisées, les rassemblements n'ont réuni que quelques centaines de personnes.
Il est vrai que dès lundi soir, la police de Montréal avait incarcéré 238 manifestants. |
