Pascal Lamy escompte un "dégel" des négociations du cycle de Doha

"Dans la préparation de Cancun, (...) c'est quelque chose qui dégèle des situations qui étaient jusqu'à présent relativement bloquées", a affirmé M. Lamy dans une interview à l'AFP mercredi, après la remise à Genève d'une offre euro-américaine commune sur les modalités des pourparlers agricoles à l'OMC.

"Si tout le monde se met d'accord sur un document de ce type, la moitié de la négociation" agricole du cycle de Doha "est faite". "Il reste à faire l'autre moitié, qui est la négociation des chiffres", a-t-il ajouté.

Mais, a-t-il souligné, cette étape n'interviendra qu'après la réunion de Cancun du 10 au 14 septembre, dans les quinze mois qui resteront avant l'échéance fin 2004 du cycle de Doha. "Les chiffres, dans notre esprit, sont la partie finale de la négociation. Ils sont pour l'après-Cancun", a-t-il dit.

Le commissaire européen a reconnu que la proposition UE-Etats-Unis sur l'agriculture, qui s'ajoute à une autre offre conjointe avec le Canada sur la libéralisation du commerce des produits industriels, n'est qu'"une ébauche, un canevas", "un dessin dans lequel il reste à mettre des couleurs".

"Bien entendu, il reste encore beaucoup de choses à négocier (...) Ce ne sera une avancée majeure que si les autres Etats membres de l'OMC trouvent aussi satisfaction pour leurs propres intérêts", a-t-il souligné.

Refusant tout excès d'optimisme, il a réaffirmé qu'au delà du volet agricole, un accord fin 2004 entre les 146 membres de l'Organisation mondiale du commerce sur le cycle de développement lancé en 2001 à Doha (Qatar), "dépendra beaucoup de ce qui se passera sur le reste".

"Nous avons adopté à Doha un programme de négociations qui comporte 20 sujets à peu près et nous nous sommes mis d'accord sur le fait que la négociation se terminerait lorsqu'il y aurait accord sur ces 20 sujets. Il ne peut pas y avoir d'accord partiel : soit on est d'accord sur tout, soit sur rien", a-t-il rappelé.

Pascal Lamy a confessé que le projet euro-américain sur l'agriculture avait été "horriblement compliqué et difficile" à élaborer. Il a assuré néanmoins qu'il ne constituait pas un "diktat" pour les 144 autres membres de l'OMC.

"Ce n'est pas quelque chose qui serait une espèce d'accord entre compères américains et européens que les autres n'auraient plus qu'à acheter ou refuser en bloc", a-t-il affirmé.

A ses yeux, les deux "éléphants" de l'OMC, régulièrement accusés de détruire les économies agricoles des pays en développement, ont simplement pris leurs "responsabilités" face à des partenaires qui leur demandaient de cesser "de jouer au poker menteur".

Selon le commissaire européen, le document remis mercredi présente une "sensibilité" inédite aux préoccupations des pays en développement, en reconnaissant la nécessité de leur octroyer un "traitement spécial et différencié" dans les échanges internationaux.

Pascal Lamy s'est également voulu rassurant à l'égard des Etats membres de l'UE, au nom desquels il conduit, côté européen, les négociations à l'OMC. Il a assuré que "rien" dans la proposition euro-américaine "ne dépasse le mandat" qui lui a été fixé par les Quinze.

En matière agricole, ce mandat interdit au commissaire d'aller au-delà des engagements difficilement négociés fin juin entre les Européens dans le cadre de la réforme de leur politique agricole commune (PAC).

"Nous n'allons pas négocier au delà de ce que la réforme de la PAC nous permet de négocier. Le mandat que nous avons contraindra les chiffres au moment où nous passerons à la négociation chiffrée", a-t-il conclu.


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