La filière viticole moins confiante

La conquérante Australie se mettrait-elle à douter ? Après avoir vu ces dernières années ses exportations croître de façon exponentielle, la filière viticole australienne se laisse gagner par une “morosité ambiante” si l'on en croit un rapport établi par KPMG Wine Industry Group, un cabinet d'études australien. La raison ? Beaucoup de nouveaux opérateurs seraient étonnés de voir s'essouffler le cycle de croissance des années 90. La mauvaise conjoncture économique mondiale n'épargne pas l'Australie, tout comme la menace de surproduction : le vignoble du pays a plus que doublé en 10 ans, et une récolte record, en hausse de 19 % par rapport à 2001, y a été enregistrée en 2002. “Le ralentissement de l'économie mondiale, ainsi que la concentration au niveau des metteurs en marché et la mise en production de jeunes vignobles dans les pays du Nouveau Monde, sont des éléments qui créent plus de risques, rendant l'environnement international plus compétitif pour tous les opérateurs” souligne Alexandra McPhee, l'auteur du rapport.

Ces dernières années ont été prospères pour les viticulteurs et investisseurs australiens partis à la conquête des marchés mondiaux avec d'importants budgets marketing. De gros investissements facilités par la grande concentration de la filière viticole australienne. De grandes maisons comme BRL Hardy ou Southcorp Wines par exemple font preuve d'une redoutable force de frappe à l'international. Avec leurs vins calibrés pour séduire les consommateurs étrangers et vendus sous différentes marques entre 6 et 11 dollars, les Australiens ont fait s'envoler leurs exportations. En 1991, les exportations représentaient seulement 112 millions de dollars. En 1998, elles atteignent 622 millions. En 2002, les exportations de vins australiens ont bondi de 30%, pour atteindre 1,3 milliard de dollars. Entre juin 2002 et juin 2003, les exportations ont encore augmenté, de 15 %, pour représenter un montant record de 1,56 milliard de dollars.

Sur les marchés d'Europe du Nord, les ventes de vin français sont en baisse au profit notamment des vins d'Australie. Le pays des kangourous exporte ainsi de plus en plus vers la Grande-Bretagne, son premier client (42 % des vins exportés en 2001/2002), mais aussi vers les Etats-Unis (29 % de vins exportés durant la même période). Le succès des vins australiens y est tel qu'ils rivalisent avec les crus français : ils ont ravi à la France la deuxième place en volume sur le marché des vins importés aux Etats-Unis. En 2002, la progression des vins australiens sur le marché américain s'est élevée à + 64% en valeur. Les USA sont aujourd'hui le deuxième marché d'exportation de l'Australie. Les vins rouges australiens sont appréciés des Américains, au détriment des vins français, dont les ventes ont baissé de 16 % en 2002, selon le Adams Wine Handbook 2003.

Reste que ce succès pourrait bien s'essouffler. Les professionnels de la viticulture australienne semble aujourd'hui moins confiants et freinent les nouvelles plantations de vignobles. Selon KPMG Wine Industry Group, “la morosité exprimée par rapport à l'évolution de la filière est exagérée ” et pourrait même leur coûter cher à l'export face à leurs rivaux. Si les Australiens n'investissent plus dans la plantation de différentes variétés de raisins, “l'offre serait de nouveau plus faible que la demande. Un déficit en vin australien permettrait à ses concurrents de définitivement prendre une partie des parts de marchés de l'Australie”. Un espoir pour les vignerons français de reprendre l'avantage, notamment aux Etats-Unis ?


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