L'accord de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sur le dossier des médicaments génériques "fera de l'agriculture, un point focal important de cette négociaiton", a indiqué M. Gaymard lors d'une conférence de presse. "Cela veut dire que l'agriculture va être bien évidemment à la une de cette négociation", a-t-il souligné.
Mais, même si le contexte a évolué au cours de ces dernières semaines, avec la déclaration euro-américaine qui a débloqué la situation, M. Gaymard a toutefois prévenu qu'il fallait rester "extrêmement vigilants (...). Nous aurons un exercice extrêmement difficile, intéressant, dont personne ne peut dire aujourd'hui ce qu'il en sortira", a-t-il dit. Tout en rappelant que Cancun était une "étape" du cycle de Doha "très importante", M. Gaymard n'a pas écarté qu'elle pouvait être "conclusive, échouer totalement ou être conclusive sur certains points". "Il y a beaucoup de scénarios différents possibles", a-t-il confié.
Quant à l'accord UE/Etats-Unis en août, M. Gaymard a reconnu qu'il comportait des points "positifs", notamment celui d'avoir permis de relancer les négociations à l'OMC, dans l'impasse depuis la publication du projet de Stuart Harbinson en mars, mais il n'en demeure pas moins que "certaines questions suscitent notre attention dubitative".
Ainsi, l'incertitude qui règne sur la "méthode, sur le découplage de la négociation entre les principes et les chiffres sonnants et trébuchants". Selon le ministre, "affleure l'idée que l'on pourrait avoir un Cancun qui arrêterait un certain nombre de principes mais où l'on ne parlerait pas de chiffres", la négociation sur ces derniers étant reportée à l'année prochaine.
"Cela peut être une manière de voir, mais cela peut aussi être dangereux. Des concessions faites sur les principes en septembre sans avoir de certitudes sur les chiffres qui vont avec, cela peut être un exercice périlleux", estime M. Gaymard. Le ministre s'inquiète par ailleurs de l'impression donnée dans le document UE/USA que l'Europe "renoncerait" à évoquer la question des "marketing-loans" (prêts garantis sur la production), un "très puissant outil agricole pour les Etats-Unis en matière de soutien aux revenus des agriculteurs, qui indirectement est un très puissant outil d'aides aux exportations".
Pour M. Gaymard, accepter des concessions sur les restitutions sans aborder les "marketing-loans" serait "un élément de déséquilibre" de la négociation.
"Nous avons accueilli positivement le fait que la négociations se débloque mais il ne faut pas se laisser endormir et rester vigilant", a insisté M. Gaymard.
Le ministre s'est félicité de "la bonne unité du Conseil agricole" et sur l'unité de vue de la part des 15 Etat-membres sur les questions commerciales multilatérales.
Evoquant les pays en voie de développement, M. Gaymard a rappelé que l'Europe importait quatre fois plus de produits agricoles de ces pays que les pays du Groupe de Cairns, et l'équivalent de tout le monde développé hors Europe. "Notre niveau d'aide publique est bien supérieur par rapport à tous les donneurs de leçon", a-t-il lancé. |
