Le "Bioterrorism Act", paraphé en juin 2002 par le président George W. Bush, prévoit, à partir de décembre prochain, un renforcement des contrôles sur l'ensemble des produits alimentaires arrivant sur le sol américain pour éviter toute attaque terroriste de nature biologique.
Selon certains professionnels du vin, les entreprises devront s'engager sur la sécurité de leurs installations, sites de production, d'embouteillement ou de stockage.
Toutefois, les règles de sécurité précises que devront respecter les entreprises exportatrices, sous peine de se voir interdire l'accès au marché américain, ne seront connues que vers le 10 octobre.
Difficulté supplémentaire, tous les opérateurs devront s'enregistrer au plus tard le 12 décembre, soit par internet soit par voie postale. "Si une entreprise ne s'enregistre pas au 12 décembre, le marché américain sera fini pour elle", affirme Nordine Taha, responsable de la division servicing international (conseil et partie réglementaire), à Hillebrand Beaune, filiale en Côte-d'Or (est) du transporteur international spécialisé dans la logistique des vins et spiritueux.
Depuis le printemps, les différentes fédérations professionnelles font circuler l'information ou organisent des réunions pour sensibiliser leurs adhérents à ce sujet. De son côté, la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) a participé à un certain nombre de réunions de concertation avec l'administration américaine.
En Bourgogne, les grandes maisons de négoce ont préparé le terrain.
La maison de négoce Louis Jadot, contrôlée par une entreprise américaine, a été auditée par des agents des douanes américaines et agréée, dans le cadre d'un programme de partenariat basé sur le volontariat, le "Customs-Trade Partnership Against Terrorism (C-TPAT). Hillebrand a également bénéficié de l'agréement. "L'avantage c'est que nos conteneurs sont dédouanés beaucoup plus vite", indique Nordine Taha.
Chez Bouchard Père et Fils, maison de Beaune (Côte-d'Or) pour laquelle les Etats-Unis représentent le principal marché, un chef de projet a été chargé du dossier. "On fera tout pour être agréé les premiers, cela va nous forcer à être vigilants sur les systèmes de contrôle des entrées des sites, ce qui devrait être un des points clefs dans le classement", indique le directeur général Bernard Hervet.
Si certains redoutent une forme de protectionnisme, d'autres font remarquer que les dispositions vont s'appliquer à tout le monde, aussi bien aux Français, aux Australiens, aux Chiliens qu'aux Argentins.
"Il est difficile de mesurer les conséquences de ces mesures, tant qu'elles ne sont pas entrées en application", déclare Louis-Régis Affre, directeur général de la FEVS, rejetant par ailleurs "tout caractère discriminant". |