Vers 6H00, les gendarmes ont tiré du lit le porte-parole de la Confédération paysanne, qui n'a pas opposé de résistance, puis transféré en hélicoptère dans l'établissement pénitentiaire héraultais, placé sous la surveillance d'un cordon de CRS. "On l'a cueilli dans son sommeil. Ca l'a surpris. Il n'avait pas l'air triomphant", a confié un gendarme à l'AFP. Selon un gardien de prison, le personnel de la maison d'arrêt lui-même ne s'attendait pas à une incarcération ce dimanche. Choqué par cette "opération commando", son avocat Me François Roux a annoncé qu'il porterait plainte pour "violation de domicile", jugeant "incompréhensible un tel déploiement de forces pour un militant non violent qui avait toujours dit qu'il ne s'échapperait pas". "On a forcé sa porte. Il a été embarqué comme un malfrat, sans avoir le temps de prendre ses affaires personnelles -même pas sa brosse à dents!- alors qu'il va passer dix mois en prison", a déclaré l'avocat, qui s'est vu refuser l'accès à la maison d'arrêt. Dans la matinée, le ministre de la Justice, Dominique Perben a expliqué à la presse qu'il convenait de prendre "des mesures de sécurité" et d'éviter toute "situation d'affrontement" puisque que "José Bové avait fait savoir que ses amis feraient obstacle à son transfert". Condamné à six mois de prison ferme en 2001 pour la destruction de plants de riz transgénique dans un laboratoire de l'Hérault, José Bové se trouve aujourd'hui sous le coup d'une peine de dix mois de prison depuis la décision, le 26 février, de la cour d'appel de Montpellier de révoquer pour moitié le sursis de huit mois prononcé en 1998 par le tribunal correctionnel d'Agen pour des faits similaires. Il s'était retiré depuis plusieurs jours dans sa bergerie, après avoir refusé tout aménagement de peine, attendant que les gendarmes viennent l'arrêter ou que le président de la République se prononce sur la demande de grâce déposé par ses partisans. "Plus de 800.000 citoyens ont demandé sa grâce. Aujourd'hui on voit une réponse par le mépris. Le président Chirac a la possibilité de corriger le tir", a estimé Me Roux. Dominique Perben n'a pas exclu que José Bové "puisse bénéficier du décret de grâce du 14 juillet". Il a également indiqué qu'il transmettrait au président Chirac, "dès le début de la semaine prochaine, son avis confidentiel" sur "une éventuelle grâce" qui lui serait accordée à titre individuel. Pris de cours par son arrestation, les sympathisants de José Bové, qui n'ont finalement pas pu mettre en place le "comité d'accueil" promis aux gendarmes, ont allumé un feu devant la gendarmerie de Millau. La Confédération paysanne a appellé les opposants aux organismes génétiquement modifiés à "manifester bruyamment devant toutes les prisons de France et dans les champs où se déroulent des essais OGM". "On attend que la France bouge", a lancé Dominique Soullier, responsable du syndicat pour l'Hérault. Dès dimanche matin, des réactions de protestation se sont élevées dans les milieux politiques, syndicaux ou même culturels. C'est la seconde fois que José Bové regagne la maison d'arrêt héraultaise, où il avait déjà purgé quarante-quatre jours de détention à l'été 2002 pour les dégradations du McDonald's de Millau. Lors de sa première incarcération en juin 2002, il avait lui-même rallié sa cellule à la tête d'une caravane de tracteurs. |