Les commandes des buralistes ont reculé de 40% en novembre et début décembre 2003 par rapport à novembre-décembre 2002, et de 12% en cumul depuis le début de l'année, ont indiqué jeudi à l'AFP la société Altadis et la Confédération nationale des débitants de tabac. La chute des livraisons aux buralistes s'est nettement accélérée depuis le 20 octobre, où les prix ont bondi de 18 à 20% pour répercuter les hausses fiscales : fin septembre le repli n'était encore que de 8,2% par rapport aux 9 premiers mois de 2002.
Cette baisse reflète à la fois un recul des achats des consommateurs mais aussi un nouveau comportement des buralistes depuis la hausse des prix du 20 octobre : ils gèrent à flux tendus et réduisent leurs stocks au maximum pour épargner leur trésorerie et décourager des vols. Dans les départements les plus touchés (les frontaliers) les ventes aux consommateurs ont baissé de 20 à 24% sur onze mois, précise la Confédération.
Depuis le 20 octobre, les buralistes subissent une baisse 7 à 12% de l'ensemble de leur activité (tabac et hors tabac). Chez les frontaliers, concurrencés par les débitants espagnols, luxembourgeois ou belges bien moins chers, l'activité globale a diminué depuis janvier d'environ 25%. Inquiets de la baisse du marché, la plupart des industriels devraient décider le 5 janvier une hausse de leurs prix de 8 à 10% qui ne répercutera pas entièrement les hausses fiscales.
Ainsi le prix du paquet de 20 cigarettes sera relevé d'environ 40 centimes pour atteindre une fourchette de 4,50 à 5 euros au lieu de 4,10 à 4,60 euros actuellement, selon plusieurs industriels interrogés par l'AFP qui n'ont pas souhaité être cités. "Cette augmentation ne couvrira pas entièrement la hausse de la fiscalité, qui aurait dû aboutir à 50 centimes de hausse supplémentaire pour préserver nos marges. Il pourrait donc y avoir une nouvelle hausse en juillet mais tout dépendra de l'état du marché", a expliqué une grande marque de tabac.
Altadis (ex-Seita) a déjà annoncé une hausse d'environ 40 centimes d'euro par paquet en janvier et averti qu'elle appliquera une seconde hausse en juillet, d'une ampleur non précisée. Si les marques phares opteront grosso modo pour une statégie similaire, des acteurs émergents pourraient être plus agressifs. Ainsi le britannique Gallaher (3% du marché avec sa marque Benson) va lancer une nouvelle marque en France à prix cassé, selon le quotidien La Tribune. Gallaher vendra des paquets de 19 cigarettes seulement pour 4,20 euros.
La hausse du tabac début janvier reflète la forte hausse fiscale votée par le parlement dans le budget 2004, après les deux autres augmentations fiscales déjà répercutées par les fabricants: les prix ont augmenté de 8% à 16% en janvier 2003 puis de 18% à 20% le 20 octobre dernier. Outre la baisse des ventes, avec la nouvelle fiscalité les fabricants subiront en janvier une diminution de leurs marges : elle sera ramenée à 10,80% du prix public, selon un grand fabricant (soit 54 centimes pour un paquet à 5 euros, ndlr).
Cette marge était encore de 13% après le 20 octobre 2003 (soit 59,8 centimes quand le paquet haut de gamme était à 4,60 euros) et de 16% fin janvier 2003 (soit 62,4 centimes sur un paquet à 3,60 euros). En décembre 2002 la marge était à 16% sur un paquet qui était alors à 3,60 euros (57,60 centimes). |
