La Bourgogne n'oublie pas la lutte contre les "faux" chablis

Outre-Atlantique, le chablis désigne certes un vin blanc, mais sa qualité n'a rien à voir avec l'appellation d'origine contrôlée de Bourgogne et son cépage chardonnay.

Les chablis américains, élaborés à partir de cépages peu qualitatifs (thomas Seedless, hybrides, chenin blanc, ugni blanc), sont vendus à moins de 4 dollars, souvent dans des carafes. "C'est un vin qu'on achète non pas pour le contenu mais pour le contenant", affirme Bernard Hervet, directeur général de la maison de négoce beaunoise Bouchard Père et Fils et président de l'antenne Chablis du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB).

Même s'il semble difficile de se tromper, les producteurs de Chablis estiment fondé leur préjudice, soulignant que le chablis se vend quatre fois moins aux Etats-Unis que les autres vins blancs du vignoble bourguignon. Les Etats-Unis, principal producteur, produisent et commercialisent autour de 1,2 à 1,5 million d'hectolitres de "faux" chablis sur une production mondiale de 1,3 à 1,6 million d'hectolitres, selon des chiffres du BIVB. Le reste vient d'Argentine et d'Australie.

"Il est très difficile de vendre du chablis aux Etats-Unis, qui est pourtant un grand marché pour le vin blanc ", regrette M. Hervet, qui préside également aux destinées du domaine William Fèvre à Chablis.

En octobre dernier, à Vinexpo America, une conférence de presse sur le sujet a été organisée pour relancer le dossier. Car un nouveau cycle de négociations est attendu cette année au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), la Commission européenne souhaitant l'interdiction des utilisations déloyales et mensongères d'indications géographiques pour les produits agricoles.

Les géants de la production et de la distribution de vin aux Etats-Unis, qui utilisent les noms de champagne, de chablis ou de "burgundy" (un vin rouge), réclament cependant en contrepartie un dédommagement conséquent ainsi qu'un abaissement des droits de douane européens pour pouvoir vendre librement leurs vins en Europe.

Pour ne pas être isolés, les Bourguignons se sont alliés aux Champenois. Un club des indications géographiques a même été constitué avec les producteurs de sherry en Angleterre, de turron de Alicante ou de Gerona en Espagne, de jambon de Parme, de parmesan de Reggiano, de porto. Il mène des actions de lobbying à Strasbourg et à Bruxelles.

"Le sens de l'histoire va vers un arrêt de cette utilisation, même si certains opérateurs importants veulent absolument la maintenir", indique M. Hervet, également convaincu de la nécessité d'une bonne dose de pédagogie. "Il faut convaincre progressivement nos amis américains que ce n'est plus dans leur intérêt de produire un chablis bas de gamme".

Ce "sens de l'histoire" semble confirmé par une étude réalisée en 2002 par Ernst and Young pour le compte du BIVB. Selon cette étude, depuis 1989, la production de "faux" chablis a baissé de moitié et s'exporte de moins en moins. Après Bermuda qui en avait interdit l'importation en 1982, le Japon a suivi et l'Australie, tournée vers une viticulture de qualité, s'est engagée à abandonner la production au 31 décembre 2003.


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