"S'il le faut, nous mettrons en oeuvre une mobilisation générale des paysans français", a averti Jean-Michel Lemétayer, président du puissant syndicat majoritaire agricole, la FNSEA.
Dans la matinée, la Commission européenne a adopté le projet de M. Fischler qui maintient notamment l'idée controversée d'un découplage entre les aides directes aux exploitants et la production.
"Nous allons suivre de très près la position que défendra le ministre de l'Agriculture Hervé Gaymard à Bruxelles la semaine prochaine, lors du conseil des ministres européens de l'Agriculture", a ajouté M. Lemétayer. Le leader syndical a d'ailleurs adressé une lettre ouverte au président Jacques Chirac lui demandant de réaffirmer son "attachement à une PAC renforcée dans ses organisations de marchés et sa préférence communautaire".
"Nous sommes farouchement opposés au découplage, car découplage signifie désorganisation des marchés", s'insurge M. Lemétayer. Et de citer l'exemple de la production laitière, pour laquelle Franz Fischler suggère à la fois une baisse importante des prix de soutien et un relèvement des quotas de production en 2007-2008.
Pour M. Lemétayer, "à quoi servirait d'augmenter des volumes de production dans un marché déjà saturé: la seule conséquence serait une nouvelle baisse des revenus des producteurs".
La Fédération nationale bovine (FNB), par la voix de son président Pierre Chevalier, stigmatise également les propositions de M. Fischler. "Le projet de découplage répond aux pressions internationales dans la perspective des négocations de l'Organisation mondiale du commerce (OMC)", dénonce-t-il.
"Si ce découplage est appliqué de façon brutale, rien n'empêchera un éleveur de bovins destinés à la production de viande de faire du poulet !", dit M. Chevalier. Selon ce professionnel, "dans moins de 10 ans, l'Europe perdra son indépendance alimentaire en viande bovine". Le ton est aussi virulent à la Confédération paysanne. "Avec cet axe découplage nous sommes en phase terminale d'intégration de la PAC aux exigences de l'OMC", juge Jean-Emile Sanchez, un des secrétaires nationaux du syndicat de José Bové.
Le projet de M. Fischler qu'il qualifie de "véritable réforme de la PAC", est, pour lui, "l'aboutissement logique des réformes de 1992 et 1999 qui ont eu pour effet pervers de pousser les paysans à développer de plus en plus leurs productions afin de se constituer un matelas d'aides conséquent". Résultat: l'instauration d'une agriculture productiviste qui risque d'être pérennisée par les propositions de la Commission européenne, estime M. Sanchez.
"Nous avons affaire à une escroquerie monumentale en terme de communication vis-a-vis des citoyens puisque Franz Fischler a affirmé vouloir tourner le dos au productivisme et que, dans la pratique, c'est tout le contraire", critique-t-il Le rejet de cette proposition de découplage fait l'unanimité. La semaine dernière à Berlin, Hervé Gaymard a réaffirmé l'opposition radicale de la France à cette idée. |
