Le leader syndical est monté à la capitale entouré de ses pairs moustachus de la Confédération paysanne. Près de la fontaine des Innocents du Forum des Halles, ils ont offert, contre quelques euros, du jus de pomme bio et des morceaux de moutons grillés, élevés pas des paysans de différentes régions de France. "Pour une fois que les Parisiens mangent bien", a rigolé José Bové, devant une banderole qui affichait: "Paysans, consommateurs, ne nous laissons pas rouler dans la farine". Son visage familier a provoqué un attroupement de jeunes de banlieue, tandis que d'autres badauds lui lançaient: "Continuez à nous défendre". "Aujourd'hui, ce sont ceux qui dénoncent les responsables de la crise de la vache folle qui se retrouvent devant les tribunaux", a-t-il répondu, du haut d'une estrade installée par la Confédération paysanne. La veille, il avait comparu devant la cour d'appel de Montpellier, pour lui demander une dispense de la révocation d'un sursis de huit mois de prison, qu'il s'était vu infliger pour la destruction de plants de riz transgénique dans l'Hérault. Laissant le barbecue, il s'est ensuite rendu en délégation devant la 17ème chambre du tribunal correctionnel de Paris, où il était poursuivi dans l'après-midi pour diffamation par le Syndicat national des industriels de la nutrition animale (SNIA). En novembre 2000, José Bové avait en effet affirmé à différents médias que les "plus grosses enseignes" des fabricants d'aliments pour le bétail avaient acheté des farines animales britanniques jusqu'à l'automne 1996, en dépit de l'embargo institué en France en juillet 1990. Il se basait notamment sur un document "emprunté" à la direction des douanes de Toulouse, montrant selon lui "un listing des importations de farines animales sous embargo, année par année, trimestre par trimestre, entreprise par entreprise".
Le leader syndical avait cité nommément quelques-unes de ces sociétés. Cité par la défense de José Bové, l'ancien ministre Charles Josselin, membre d'une commission parlementaire en 1996 sur la filière bovine et l'ESB, est venu dire qu'"entre les obligations de santé publique et les enjeux économiques, le combat était inégal". Deux éleveurs ont par ailleurs relaté "l'empoisonnement" dont ils estiment que leur cheptel a été victime de la part d'industriels et les "incitations au silence" qu'ils auraient eu à subir. La procureure, Béatrice Angelelli, a rappelé que la récente amnistie présidentielle bénéficiait à José Bové pour sa prévention de diffamation, mais que de toute façon selon elle, "l'infraction n'est pas constituée". |