Le paradis des flamants roses empêtré dans les luttes de pouvoir

Des intérêts divergents cohabitent sur les 86.000 ha du parc, où vivent 8.000 personnes: les grands propriétaires comme les riziculteurs ou les Salins du Midi y côtoient éleveurs de chevaux et de taureaux, pêcheurs de tellines, scientifiques de la Tour du Valat, écologistes et chasseurs.

Par arrêté interministériel (Ecologie et Budget), un Groupement d'intérêt public (GIP) a été créé le 14 janvier pour gérer la Camargue, légalisant un précédent arrêté préfectoral pris en décembre 2001 et annulé par le tribunal administratif, à la suite d'un recours d'opposants farouches à toute "étatisation" du delta.

Jusqu'alors, le parc était géré, cas unique en France, par une fondation privée, créée en 1970, et dominée selon ses détracteurs par les grands propriétaires. Mais les financements provenant à plus de 95% de fonds publics (budget provisionnel du GIP 2003: 3,8 M EUR), ce mode de gestion a été jugé illégal. D'où la nécessité de trouver une nouvelle structure.

Mais derrière les rudes débats sur le GIP de Camargue se profile la bataille pour les régionales de 2004.

Le président PS du conseil régional de Provence-Alpes-Côte-d'Azur Michel Vauzelle "a voulu imposer un GIP contre l'avis de toute la Camargue", affirme le député-maire UMP des Saintes-Maries-de-la-Mer, Roland Chassain, son tombeur aux dernières législatives. Excluant "toute étatisation à l'heure où l'on parle de décentralisation", il juge que le GIP ne survivra pas aux prochaines régionales.

"Les grands propriétaires qui ne supportent pas d'avoir l'Etat en face d'eux" ont "décidé d'abattre le GIP pour obtenir en réalité mon départ", rétorque M. Vauzelle. Il dément que le GIP qu'il préside soit provisoire. "La situation est claire, le GIP a été légalisé, il est le seul gestionnaire du parc et je vais gérer dans la clarté".

Le préfet des Bouches-du-Rhône Yvon Ollivier précise: le GIP a bien été régularisé "comme instance unique de gouvernance du parc" mais "à titre transitoire", en attendant la création d'un syndicat mixte "nouvelle formule", ouvert aux associations et intérêts locaux. En revanche, "aucune date n'a été fixée" car de tels syndicats mixtes ne peuvent être créés que par une nouvelle loi.

En attendant, les rancoeurs ont du mal à se taire. Alain Grossi, président du syndicat des exploitants agricoles, réfléchit déjà à un recours contre le nouvel arrêté.

"On a ici une spécificité qui marchait bien avec la fondation, Parlement de la Camargue, où tout le monde se retrouvait", se lamente Michel Plan, de l'association des propriétaires et acteurs économiques, accusant M. Vauzelle de vouloir "diviser et pratiquer la politique de la terre brûlée". "Les exploitants ont façonné ce paysage, devenu un sanctuaire, et maintenant, des fonctionnaires de Paris voudraient nous mettre au pli", s'insurge-t-il.

Malgré cela, certains, comme le maire PCF d'Arles Hervé Schiavetti, se veulent relativement "optimistes". "Objectivement tout le monde souhaite que le parc fonctionne".


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