Les participants vont s'entretenir de vendredi à dimanche de l'avancée du dernier cycle de négociations de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) dit de Doha, engagé en novembre 2001, et préparer la réunion ministérielle des 145 membres de l'OMC, à Cancun (Mexique), en septembre. "La réunion permettra aux ministres de donner leur réaction initiale au premier projet de texte sur l'agriculture que Stuart Harbinson doit présenter ce mercredi à Genève", a indiqué à l'AFP un haut responsable japonais. L'ambassadeur de Hong Kong à l'OMC préside le groupe de négociations sur l'agriculture, qui doit dégager avant le 31 mars un consensus sur les modalités de la négociation sur le volet agricole. La nouveauté à Tokyo est que l'Union européenne (UE) et le Japon s'y présentent avec des objectifs chiffrés, ont fait remarquer des spécialistes européens du secteur à Tokyo. L'UE a en effet présenté à la mi-décembre un projet de réduction de 36% en moyenne des taux de droits de douane sur les produits agricoles et de 15% au minimum sur chaque ligne de tarif douanier. Elle propose une baisse de 55% des soutiens intérieurs aux productions agricoles et de 45% des subventions aux exportations. Le projet prévoit des mesures spécifiques en faveur des pays en développement, en particulier la suppression des droits de douane et des quotas pour les exportations agricoles des pays les moins développés (PMA). Il préconise une franchise pour au moins 50% des importations des autres pays en développement. "Pour nous, le vrai problème est de rétablir des relations de confiance avec les pays en voie de développement. Sinon nous n'aurons pas de round de Doha", souligne Etienne Reuter, le porte-parole de la Délégation de l'Union européenne à Tokyo. Le Japon s'est globalement aligné sur ces objectifs avec une position "dans l'ensemble la même que celle de l'Union européenne" mais avec "quelques différences sur certains points", indique un document officiel. Le groupe de Cairns, qui rassemble 17 grands pays exportateurs de produits agricoles, ainsi que les Etats-Unis, demandent quant à eux un plafond de droit de douane de 25% quel que soit le produit. "C'est donc une approche très, très différente", a souligné un responsable australien à Tokyo, dont le pays est membre de ce groupe. Européens et Japonais défendent le concept de la multifonctionnalité de l'agriculture - protection de l'agriculture traditionnelle, de l'environnement, etc. - et apparaissent comme des "des alliés objectifs", estime M. Reuter. "Avec l'Europe, nous occupons une position moyenne entre le groupe de Cairns d'un côté et les pays en développement de l'autre", souligne pour sa part le haut responsable japonais. Pays hôte, le Japon a comme objectif prioritaire la protection de ses producteurs de riz, de moins en moins nombreux mais jouissant d'un important poids politique. Actuellement, le Japon doit importer annuellement en franchise de tarif douanier un quota de 767.000 tonnes de riz, soit 7,2% de la consommation annuelle moyenne calculée entre 1986 et 1988. A la vente au consommateur, ce riz importé est lourdement taxé pour compenser l'énorme différence de prix avec le riz local. Arguant de la baisse continue de la consommation de riz, le Japon veut revenir au quota précédent de 5%, a expliqué Junya Endo, responsable des questions de l'OMC à l'agence de l'alimentation du ministère de l'Agriculture. Le Japon est depuis 1984 le premier pays importateur net de produits agricoles. Son taux d'auto-suffisance alimentaire est le plus faible de tous les pays développés. Une manifestation devant rassembler 5.000 personnes, dirigeants de syndicats agricoles de différents pays, agriculteurs japonais, consommateurs, syndicalistes et ONG, est prévue samedi à Tokyo, selon l'organisation agricole JA Zenchu. |