"Dans les semaines qui viennent, nous allons mettre en œuvre le rapatriement des reliquats de stocks d'arsenite". Selon Jean-Charles Bocquet, le directeur général de l'Union des industries de la protection des plantes (UIPP), "l'ensemble des acteurs de la filière agricole et vitivinicole se sont mis d'accord pour mettre au point une procédure qui permettra de regrouper les derniers stocks et de les mettre en sécurité."
Des stocks dont personne ne peut dire l'importance, même si on estime qu'à la veille de l'interdiction sans délai prononcée le 15 novembre 2001 par l'ancien ministre de l'Agriculture Jean Glavany, il restait environ 1 600 tonnes de matières actives chez les vignerons et les distributeurs.
Le problème de la récupération et de l'élimination des stocks d'arsénite de soude était régulièrement soulevé depuis cette interdiction. On se souvient que l'UIPP, qui avait pris acte de cette décision en reconnaissant les propriétés toxicologiques de ce produit, avait souhaité dans un premier temps que l'interdiction soit assortie d'un délai permettant l'écoulement des stocks.
Mais compte tenu de la dangerosité de ce fongicide, notamment pour l'utilisateur, l'interdiction avait été immédiate. Depuis, on restait dans l'attente de la définition des modalités de retrait et d'élimination, et notamment de son financement.
Une solution a donc été trouvée. "Dans un premier temps, l'arsenite sera récupéré par les distributeurs et les coopératives d'approvisionnement. Les stocks ainsi réunis seront rapatriés sur 5 ou 6 plates-formes réparties sur l'ensemble des régions viticoles françaises".
Les viticulteurs n'auront donc qu'à rapporter et remettre leur reliquat auprès de leur fournisseur habituel. Une solution qui s'avère économique, simple et rapide pour ces derniers. En effet, la responsabilité de la gestion de ce déchet incombait juridiquement aux détenteurs ayant acquis le fongicide, c'est-à-dire aux vignerons.
"Cette solution est la plus adéquate", reconnaît d'ailleurs Jean-Charles Bocquet. La société Adivalor, qui collecte déjà les emballages vides de produits phytosanitaires (EVPP), sera associée à l'opération. Attention toutefois à ne pas omettre de rapporter ce produit quand la campagne de récupération qui permettra d'avertir les viticulteurs sera mise en place.
"Etant interdit d'utilisation, l'arsenite ne peut plus être considéré autrement que comme un déchet ultime. Le coût de retraitement de ces déchets est extrêmement élevé et, en cas d'oubli, il serait malheureusement à la charge des vignerons imprévoyants".
Reste une question en suspens. Celle de la destruction du stock récupéré. "L'opération est assez complexe, avoue le directeur de l'UIPP, et il reste à déterminer certains points du financement lié à l'élimination du produit. A l'heure actuelle, 3 ou 4 sociétés travaillent sur la finalisation de la destruction du produit. Les ministères de l'Agriculture et de l'Ecologie sont associés à la démarche. Une démarche de responsabilité de la part de l'ensemble des acteurs de la filière vin".
Et en attendant la destruction de l'arsenite, les centres de stockage choisis ont été parfaitement "prévus pour écarter tout danger lié à la toxicité du produit".
Rappelons à ce sujet que l'utilisation et la vente de l'arsenite de soude ont été prohibées après que des chercheurs ont mis en exergue sa dangerosité et son aspect cancérigène, et que deux études de la MSA ont montré que le respect des précautions d'emploi n'étaient pas suffisants pour protéger l'utilisateur.
Sur le terrain de la lutte contre les maladies du bois, et plus particulièrement de la lutte contre l'Esca, la mise au point d'un traitement alternatif n'a pas encore abouti. En dehors des mesures prophylactiques bien connues (arrachage et destruction immédiate des ceps contaminés), il existe certes l'Escudo, mais son mode d'utilisation et d'application ne permet pas d'assurer une protection aussi efficace.
Le traitement adéquat se fait donc toujours attendre. L'Institut national de la recherche agronomique (INRA) et l'Institut technique de la vigne (ITV) avaient été chargés par Jean Glavany d'entreprendre en partenariat des recherches sur le champignon de l'Esca et un programme de travail avait été lancé.
Mais Jean-Mary Tarlant, le président de l'ITV, s'inquiéte du retard que pourrait prendre la recherche contre les maladies du bois alors que le budget de l'institut n'a pas évolué par rapport à l'an dernier.
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