Les éleveurs de porcs se rebiffent

"La situation s'est dégradée car depuis deux ans nous avons perdu nos débouchés à l'export à cause de la fièvre aphteuse. Bien que les marchés nous soient rouverts aujourd'hui, d'autres fournisseurs étrangers en ont profité pour s'installer à notre place", a expliqué mardi à l'AFP Jacques Lemaître, président de la Fédération nationale porcine (FNP). Ces derniers jours, les éleveurs ont d'ailleurs mené des actions dans le Finistère, en Ille-et-Vilaine et dans la Mayenne.

Après une année 2002 difficile, les cours du porc ont continué de s'effondrer sur les deux premiers mois de 2003: le kilo se négocie actuellement en moyenne à 1 euro, "alors que pour couvrir les charges, il faudrait qu'il soit à 1,30/1,40 euro", selon M. Lemaître. Contrairement au lait ou à la viande bovine, c'est le marché qui dicte sa loi dans le secteur du porc. Mais pour les producteurs, la solution ne passe pas par une diminution du nombre des élevages.

Grande consommatrice de jambon, la France en importe d'Espagne et du Danemark. En revanche, les Français mangent beaucoup moins de longes (les côtes de porcs). Ces dernières, ainsi que la poitrine (le travers), trouvaient jusqu'en 2000 leurs débouchés en Asie (Japon et Corée du Sud) et en Russie.

Interdite d'exportation en raison de la fièvre aphteuse, la France s'est fait prendre ses parts de marché par les Canadiens, les Américains et les Brésiliens.

"Les Canadiens et les Brésiliens n'ont pas le même cahier des charges que nous. Les conditions sanitaires, vétérinaires et alimentaires du bétail sont autres qu'en France", affirme M. Lemaître.

Autre problème, les relations avec la grande distribution. "C'est un élément récurrent, comme pour les autres productions agricoles. Nous avons l'habitude de dire que dans le rayon boucherie, c'est le porc qui fait la marge", dénonce le président de la FNP.

Exemple: à la sortie de l'abattoir, une côte de porc en barquette coûte entre 1,83 euro et 2,13 euros. Dans le rayon du distributeur, elle se retrouve à 6,10 euros/7,60 euros. De même, le jambon, sorti de la salaison vaut 3 à 3,80 euros le kilo. Tranché et mis en barquette, il atteint 9,15 à 12,20 euros. "Sur certains produits les marges arrières atteignent 60%", selon M. Lemaître.

Si la FNP réclame en premier lieu des aides d'urgence à la trésorerie, elle prêche surtout pour "une stratégie collective des entreprises vis-à-vis de la position dominante de la grande distribution".

Elle demande également que la mention VPF (viande de porc française), basée sur un cahier des charges contrôlé par un organisme certificateur indépendant auquel est soumis 95% de la production française, soit enfin reconnue et inscrite sur les étiquettes.

La France compte entre 17.000 et 20.000 éleveurs de porcs qui produisent annuellement 2,2 millions de tonnes. Ils en exportent 650.000 tonnes, dont 450.000 vers l'Europe.


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