Selon Franz Fischler, les Quinze ne doivent pas "faire du funambulisme plus longtemps"

"Il faut que les Etats membres prennent une décision: est-ce qu'ils acceptent le fait que nous avons besoin de cette réforme maintenant? Est-ce qu'ils sont plutôt du côté de ceux qui disent qu'une réforme est superflue? Je ne crois pas qu'on puisse faire du funambulisme plus longtemps", a déclaré M. Fischler.

"Nous avons affaire à des ministres qui assument leurs responsabilités et s'imposeront ceux qui souhaitent réellement trouver une réforme", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.

Evoquant l'entente franco-allemande sur la PAC annoncée mardi par le président Jacques Chirac et le chancelier Gerhard Schroeder, il a concédé que celle-ci pouvait être vue comme "une contribution pour éviter une minorité de blocage", thèse défendue par la ministre allemande Renate Kuenast et le Français Hervé Gaymard.

Mais, a-t-il ajouté, "deux Etats membres ne peuvent pas dicter aux autres ce qu'il faut faire".

Il a minimisé la portée de cette entente, en affirmant qu'il ne s'agissait pas "d'un accord en tant que tel, de quelque chose de définitif coulé dans le bronze et assorti de chiffres". "Il s'agit plutôt d'un accord sur la direction dans laquelle on souhaite s'engager. Il s'agit là d'une différence substantielle", a-t-il dit.

Le commissaire Fischler a souligné le caractère "délicat" du marathon de discussions en cours à Luxembourg. "La situation reste très difficile (...) Il faudra redoubler d'efforts si nous souhaitons atteindre les objectifs, les résultats visés", a-t-il dit.

"Il est tout à fait vain de spéculer si nous aurons une suspension ce week-end. Pour le moment, nous travaillons", a-t-il ajouté, en réponse à M. Gaymard et plusieurs de ses collègues qui ont évoqué l'hypothèse d'une nouvelle réunion ministérielle la semaine prochaine.

Sur le fond du dossier, M. Fischler a enfin réaffirmé la nécessité à ses yeux d'une réforme des secteurs du lait et des céréales et d'une dégressivité des aides directes aux agriculteurs européens à partir de 2007, deux idées désormais rejetées de concert par Paris et Berlin.

Il a également répété ses avertissements sur le fait qu'en cas d'échec des Quinze à s'entendre sur une réforme de la PAC, l'UE serait, lors de la prochaine réunion ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en septembre à Cancun (Mexique), "cantonnée à voyager en seconde classe et appuyer sur le frein".