Pascal Lamy reconnaît la force du G20 et souhaite une relance concrète de Doha

"Je pense que le G20 peut être une vraie force. J'espère que ce sera une force de mouvement et pas de blocage des négociations", a déclaré M. Lamy à un petit groupe de journalistes à Brasilia. M. Lamy doit rencontrer vendredi les 19 pays membres du G20 qui sont réunis dans la capitale brésilienne pour coordonner leurs positions sur l'agriculture avant une réunion du conseil de l'OMC lundi à Genève.
Le commissaire européen s'est réjoui des récentes déclarations de différents membres de l'OMC en faveur du reprise du cycle de Doha mais il a estimé qu'il faut entrer maintenant dans le coeur du problème. "Il faut passer des proclamations générales disant nous aimons tous les négociations de Doha (...) et revenir aux questions techniques. Nous devons structurer les négociations sur l'accès au marché, les soutiens internes à l'agriculture, le soutien aux exportations", a estimé M. Lamy.
Le commissaire a rappelé la position de l'UE qui est qu'avec la réforme de la PAC (politique agricole commune) en juin, l'Union a suffisamment assoupli ses positions. En échange, elle attend des avancées des autres pays de l'OMC et voudrait "connaître la position du G20 sur les droits de douane sur les produits industriels, les mesures anti-dumping, les services, les indications géographiques".
M. Lamy a souligné que le fait que "tout le monde estime que les négociations doivent repartir" est certainement "une bonne nouvelle par rapport (au résultat de) Cancun".
Concernant la réunion de l'OMC prévue lundi à Genève, il a souhaité qu'elle débouche sur "une reconnaissance générale de la nécessité de reprendre les négociations et qu'il faut maintenant s'occuper des questions techniques délicates, sur comment on structure les questions agricoles, l'accès au marché, etc.." "J'espère que cela se produira et nous sommes prêts pour cela", a-t-il dit.
A propos de la formation du G20 juste avant Cancun, M. Lamy a souligné qu'il "n'a rien contre les coalitions, puisque nous Européens sommes nous mêmes une coalition". "Je suis prêt à entrer dans des discussions pour savoir où en sont les gens, avec le G20, avec le G90 ce que je fais déjà, avec les Etats-Unis ou le Japon, à condition que cela impulse de l'énergie aux négociations", a-t-il spécifié.
M. Lamy a estimé que ces coalitions ne sont pas immuables, soulignant que la position de l'Union européenne est "quelque part entre le Nord et le sud" et que l'UE peut "coaliser avec l'Inde sur les indications géographiques (des produits) même si le Brésil ou l'Argentine n'aiment pas cela, ou avec l'Indonésie même si les Etats-Unis n'aiment pas cela".