PARIS, 15 sept (AFP) - Le porte-parole de la Confédération paysanne, José Bové, a déclaré lundi à l'AFP qu'il souhaitait que l'échec de la conférence de l'OMC soit "fécond" et "porteur d'espoir et d'avenir", comme "point de départ d'une nouvelle réflexion sur les relations internationales".
Q: Comment percevez-vous l'échec de Cancun ?
R: Pour la première fois, depuis Seattle, on a assisté à la convergence des pays du Sud qui ont remis en cause la dictature des pays riches. Les pays regroupés contre la proposition d'accord représentent plus de la moitié de la population mondiale. Cet échec est pour nous salutaire. Il représente le point de départ d'une nouvelle réflexion sur les relations internationales, puisqu'on peut dire que l'OMC est issue des rapports de force qui remontent à la fin de la Deuxième guerre mondiale. Tous les accords financiers et économiques datent de cette époque-là.
Q: Quelle est désormais votre priorité ?
R: Cancun montre l'émergence des pays du Sud vers la participation pleine et entière dans les relations internationales. C'est quelque chose de fondamental qui devrait avoir aussi des répercussions sur la refondation de l'Onu, qui jusqu'à présent, laisse aussi de côté les pays du Sud et notamment les plus importants, comme la Chine, l'Inde, le Brésil (...) Cet échec doit être un échec fécond, porteur d'espoir et d'avenir. Il faut maintenant que s'instaure un véritable moratoire, une mise à plat de l'ensemble des sujets de discussion, comme l'agriculture, les services, les biens communs qui sont l'eau, la terre, la biodiversité. Tout doit être refondé sur des bases de droit et pas sur des rapports de forces.
Q: Quelles pourraient être ces nouvelles bases ?
R: Il y a d'abord la hiérarchie des droits, c'est-à-dire que la santé passe avant le commerce, que le droit à l'alimentation doit impliquer le droit à la souveraineté alimentaire (...) Le deuxième chantier, qui est aussi important, c'est la mise à plat des règles de fonctionnement des institutions multilatérales pour qu'elles ne soient pas des règles de domination, mais bien des règles permettant un vrai multilatéralisme. Là, on a bien vu la limite de l'OMC en termes d'équité entre les pays. Il faudrait instaurer une structure d'appel au niveau de son organe de règlement de différends, dont la structure d'appel doit être à l'extérieur et liée de manière très claire à une ONU refondée. Cette structure d'appel doit être garante de la hiérarchisation des droits.
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