La carotte des sables ne connaît pas la crise

Seule carotte à avoir obtenu un Label Rouge en France, elle a ses secrets.

"Elle est produite sur un terroir remarquable où règne un microclimat, dans un sol sableux, la fumure (l'engrais) étant strictement contrôlée", explique René Mabire de la coopérative Agrial de Créances, venu promouvoir son légume au salon de l'agriculture.

Résultat: une peau fine et douce, qui ne mérite pas d'être épluchée, un coeur tendre et une saveur réputée.

Semées en juin, les carottes des sables se récoltent d'octobre à avril. Pour les conserver aux champs, les Créançais les protègent du gel en les recouvrant d'un tapis de paille. Cultivées par une centaine de producteurs, les 40.000 tonnes annuelles sont arrachées exclusivement à la main.

La méthode de production est traditionnelle: chaque année 20% des surfaces de culture sont nourries au varech, des algues marines riches en oligoéléments donnant à la carotte ses qualités nutritionnelles.

Pire ennemi de ce légume, l'eau de pluie. "Pour cette carotte, nous restons sur un standard de 25 cm: plus grande, elle risquerait d'avoir le bout dans l'eau", précise M. Mabire. Le terrain sableux assure en effet un rôle de filtre et permet d'éviter les excès d'humidité.

"Les variétés que l'on trouve aujourd'hui en France n'existaient pas il y a 30 ans. Elles sont l'aboutissement d'essais d'amélioration menés en permanence. Aujourd'hui, nous revenons à des critères de goût après avoir recherché la productivité", concède ce spécialiste.

La qualité a un coût. La carotte des sables est vendue 20% plus chère que la carotte de terre dont la production nationale annuelle est d'environ 550.000 tonnes.

Les passionnés de cette carotte sont légion. Chaque deuxième week-end d'août, la fête qui lui est consacrée à Créances attire quelque 25.000 amateurs et la "Confrérie des mangeurs de carottes" y organise le concours du plus beau tubercule.

Les producteurs de Créances sont également les seuls à cultiver un poireau labellisé lui aussi poussant dans le sable. Aucune chance d'en trouver dans toute la France: les 3.000 tonnes récoltées dans l'année sont consommées dans la région.