Quand les grands industriels deviennent vignerons

Pour marquer sa différence dans un monde fermé "qui ne l'a jamais accepté", l'ancien chef d'entreprise (Champion et Continent) a choisi d'inviter, pour sa fête, de grands industriels issus de la parfumerie, de la papeterie, de l'alimentaire ou du cristal, devenus comme lui de "nouveaux vignerons".

"Je ne suis pas un héritier, c'est vrai, mais ce sont des gens comme moi, venus d'autres horizons qui ont créé un vrai renouveau dans la région", assure celui qui se flatte d'avoir hissé son vin au panthéon des très grands.

"Pourquoi ce choix ? Sans doute pour laisser une empreinte, parce qu'avec le vin, on donne son âme", confie Michel Reybier, ex-Justin Bridoux et désormais "de Cos d'Estournel", comme il se dit dans la tradition bordelaise, où l'on accole le nom de l'homme à celui de sa propriété. Dans le Médoc, le grand patron apprécie le côté "familial et artisanal" de la production viticole.

"On vit avec la nature, on ne peut pas tout maîtriser comme dans l'industrie, à cause du facteur météo", explique Alfred-Alexandre Bonnie, "de Malartic-Lagravière" qui a "pris ses distances" avec sa société, l'Eau Ecarlate, pour se consacrer à son grand cru classé de Graves.

"J'ai toujours été une terrienne, d'ailleurs j'adore faire des confitures", plaisante Catherine Péré-Vergès "de Montviel et Le Gay", autrefois aux Cristalleries d'Arques. Pour celle qui se présente comme une "vraie méchante femme d'affaire", le vignoble est aussi, et surtout, un placement de "sécurité".

"Faire du vin est un gouffre, mais le foncier ne peut que se valoriser", assure cette sexagénaire qui a créé l'événément cette année en rachetant 10,5 hectares de Pomerol à un prix secret mais jugé "astronomique" par ses voisins.

En dix ans, avec l'embellie du marché et l'arrivée des grands industriels, le prix de la terre a plus que triplé dans la région. Certaines parcelles, pas forcément les plus cotées, se négocient autour de 3 millions d'euros l'hectare.

Gérard Perse a dépensé 70 millions d'euros pour acquérir ses sept châteaux: outre Pavie, il possède trois grands crus de Saint-Emilion, Montbousquet, Pavie-Decesse et Bellevue-Mondotte, et trois domaines en Côtes de Castillon.

En 1993, il dirige six hypermarchés quand il achète "sans réfléchir, sur un coup de coeur" château Montbousquet, 32 hectares de vignes en contrebas du village. Depuis, cet homme de 54 ans a "tout arrêté" pour le vin et vit avec son épouse dans son ravissant château.

"Lui a une vraie passion, mais d'autres industriels font du vin comme Marie-Antoinette gardait les moutons", persifle un jeune négociant bordelais. "Ils s'achètent des propriétés comme on s'offre un titre de noblesse", maugrée un vieux propriétaire.

Les "nouveaux vignerons", eux, se flattent de "bousculer" ceux qu'ils appellent les "héritiers", revendiquent leur expérience d'hommes d'affaires et disent apporter "sang neuf, innovation et performance".

Chaque année, le plus grand bonheur de Gérard Perse est de présenter aux dégustateurs "son bébé", Château Pavie, qu'il a "repositionné sur le plan qualitatif, du moyen au meilleur" depuis son achat, en 1998. Après 4 millions d'euros d'investissements, une réduction drastique des rendements et le recrutement d'une star de l'oenologie moderne, les prix du premier grand cru classé ont augmenté de 150 %.


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