Le gel s'est installé sur les vergers lorrains à partir du 1er avril avec une pointe à -8°, voire -10° dans la nuit de lundi à mardi, selon l'Association régionale d'expérimentation fruitière de l'Est (AREFE) à Hattonville (Meuse), sorte de conservatoire de la mirabelle qui étudie et conserve depuis plus de vingt ans toutes les espèces de mirabelles.
"En février, tout le monde était confiant, le froid hivernal était normal et nous pensions avoir une floraison à Pâques. Mais l'ensoleillement de mars nous a surpris et a provoqué une floraison précoce touchée ensuite par le gel", a expliqué à l'AFP Catherine Gigleux, ingénieur agronome à l'AREFE.
Selon Bruno Colin, producteur et responsable de l'Union des coopératives fruitières de Lorraine, "on ne peut pas encore chiffrer les dégâts, il faudra attendre au moins le 15 mai pour les connaître avec précision, mais l'inquiétude de certains producteurs est légitime, car certaines parcelles sont d'ores et déjà touchées à 100%".
Depuis les gelées, Philippe Daniel, qui dirige le GAEC (Groupement agricole et d'exploitation en commun) de la Mirabelle à Vigneulles (Meurthe-et-Moselle), passe ses journées sur son tracteur à "compter et recompter" ses mirabelliers touchés par le froid. "Pour l'instant, ce n'est pas encore très grave", affirme l'agriculteur qui assure toutefois que "la récolte ne sera pas aussi bonne que l'an dernier".
"On n'avait pas besoin de cela cette année après une très mauvaise récolte déjà en 2001", assure pour sa part, plus pessimiste, Jacky Legrand, exploitant à Châtillon-sous-les-Côtes (Meuse), avant de préciser : "on aura quand même de la mirabelle, malgré tout".
Contre le froid, des moyens parfois dérisoires sont mis en place. En Lorraine, l'AREFE et l'Union des coopératives fruitières de Lorraine à Bayon (Meurthe-et-Moselle) ont installé une "tour à vent", sorte d'éolienne de 12 mètres de haut chargée de brasser l'air pour adoucir la température. Face à la "gelée noire" ces dispositifs ont été inutiles étant donné "la quantité d'air à brasser".
D'autres, plus traditionnels, installent des braseros ou bien des seaux remplis de paraffine et faisant office de bougies chauffante.
La Lorraine, qui produit entre 12.000 et 15.000 tonnes de mirabelles par an pour la célèbre eau de vie, mais surtout pour la consommation de fruits frais, de confitures, tartes et pâtisseries, représente 80% de la production française de ce fruit, selon la chambre régionale d'agriculture. |
