Fischler juge indispensable la réforme des subventions

"Nous avons de toute manière besoin d'une forme de changement, avec ou sans Cancun. Sinon, nous irons à l'implosion", a déclaré M. Fischler en marge d'une réunion informelle avec les ministres européens de l'Agriculture.

"Je dis cela pour être clair sur le fait que personne ne peut croire qu'à cause de l'échec de Cancun, nous n'aurions pas besoin d'une réforme", a-t-il appuyé.

M. Fischler n'a pas pris publiquement position pour un scénario particulier de réforme, mais il a récusé l'idée d'un "statu quo", pourtant évoqué dans le projet de communication qu'il doit rendre publique mardi. "Le statu quo est insoutenable", a-t-il déclaré.

Soucieux d'avancer prudemment sur un sujet ultra-sensible, le commissaire doit exposer mardi, en marge de la session du Parlement européen à Strasbourg, trois pistes pour l'avenir du secteur sucrier européen, en vue de présenter début 2004 une proposition formelle de réforme.

La première, la prorogation des aides actuelles au-delà de leur échéance de 2006, s'apparenterait à une déclaration de guerre aux partenaires commerciaux de l'Union européenne, dont certains (Australie, Brésil, Thaïlande) ont attaqué le régime des subventions communautaires devant l'Organisation mondiale du commerce.

La seconde, une libéralisation complète, serait tout aussi explosive en interne, avec le risque de voir disparaître une grande partie de l'industrie européenne d'un secteur, dont la France et l'Allemagne assurent plus de la moitié de la production.

La troisième, privilégiée à mots couverts par Bruxelles, consisterait à réduire les prix de soutien au sucre européen et éliminer progressivement les quotas de production d'ici 2013.

Interrogée à Taormina, la ministre allemande de l'Agriculture Renate Kuenast a jugé "prématuré de spéculer" sur la future réforme, en soulignant toutefois la nécessité à ses yeux de "voir quelles seront les implications" pour les producteurs de son pays.