"L'utilisation restreinte d'engrais artificiels et de pesticides au cours de la dernière décennie, un climat favorable et une main-d'oeuvre bon marché créent les conditions requises au développement de l'agriculture biologique", affirme Viara Stefanova, chef du service agro-environnement au ministère bulgare de l'Agriculture.
La production de menthe, de lavande, de plantes médicinales, de fruits, de légumes et de fourrage "bio" doit être soutenue à partir de l'année prochaine par des paiements directs d'un programme de l'UE, indique-t-elle.
Ces produits, ainsi que le miel biologique et les fruits sauvages certifiés, trouvent bon accueil en Allemagne, aux Pays-Bas et en Suisse, souligne encore Mme Stefanova.
"Plus de 80% des terres agricoles du pays sont bonnes pour l'agriculture +bio+", assure pour sa part le vice-ministre de l'Agriculture et des Forêts, Nihat Kabil.
Jusqu'à l'adhésion du pays à l'UE espérée en 2007, les agriculteurs bulgares dépendront des importateurs européens, reconnaît-il. Mais le ministère de l'Agriculture travaille pour obtenir une entrée directe des produits "bio" bulgares sur le marché de l'UE, la législation européenne dans ce domaine étant déjà adoptée par le pays, indique-t-il.
L'agriculture représente près de 13% du produit intérieur brut bulgare et emploie près de 23% de la population active. Les terres agricoles représentent environ 6,2 millions d'hectares (ha), soit 55% de la superficie du pays, dont 4,2 millions ha de terres arables et 1,7 million ha de prairies permanentes, selon des statistiques officielles.
Actuellement, 15% des terres agricoles (700.000 ha) appartiennent à 1,8 million de petits propriétaires tandis que 15% ne sont pas cultivés. Les céréales constituent la principale culture et représentent environ 30% de la production végétale totale avec 2 millions ha cultivés. Le tabac et la vigne sont les deux autres principales cultures du pays.
Yanko Matev, 37 ans, est fermier dans la région de Kalofer (centre) et s'est reconverti pour exporter des produits "verts" vers la Suisse. Sa famille, celle de son frère et leurs parents cultivent en "bio" 15 des 50 ha de terre qu'ils s'étaient fait restituer après la chute du communisme en 1989.
Anciens ouvriers dans une entreprise militaire, les Matev ont entendu parler d'agriculture biologique il y a sept ans par la fondation Bioselena à l'origine d'un projet suisse.
"Les produits +bio+ sont à la mode à l'Ouest et y sont vendus cher. Nous nous sommes mis à cultiver de la menthe et de la rose. Cela fait beaucoup de travail à la main, les herbicides étant interdits, mais nous gagnerons bien un jour", espère Yanko Matev.
Les Matev, qui ont aussi 30 vaches élevées sur pré, font partie de Biobulgaria, une coopérative de 35 fermes biologiques soutenue par l'Agence suisse de développement et de coopération. Celle-ci travaille en Bulgarie depuis huit ans et a déjà octroyé 3 millions de francs suisses (1,3 M d'euros) à l'agriculture biologique, y compris pour la certification de la production.
Un organisme de contrôle et certification bulgare ayant commencé à fonctionner depuis août, "un grand obstacle a été surmonté", d'après Mme Stefanova. Jusqu'à présent "les agriculteurs bulgares devaient s'adresser à des organismes certificateurs étrangers, ce qui augmentait le côut de leur production", souligne-t-elle. |