La sécurité alimentaire, grosse faiblesse des futurs membres

Dans son rapport de suivi sur les nouveaux entrants publié mercredi, la Commission européenne a distribué sur ce chapitre des cartons jaunes ou rouges à la totalité des dix pays (Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie, Slovénie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Chypre et Malte), qui rejoindront l'UE au 1er mai 2004.
Les cartons rouges, qui signifient que des mesures d'urgence pour remédier aux problèmes doivent être prises avant la fin avril, ont été attribués, pour la sécurité alimentaire, à six des dix pays. Issus pour la plupart de l'Europe communiste, les nouveaux entrants peinent surtout à mettre en application les normes d'hygiène de l'Union européenne, qui sont parmi les plus strictes du monde.
Les abattoirs et boucheries industrielles, souvent vétustes, manquent par exemple de chambres froides, ce qui accroît le risque de contamination par les dangereuses bactéries que sont les salmonelles. En Pologne, sur les quelque 4.000 entreprises de la filière viande, seules 121 respectent actuellement intégralement les normes de l'UE, reconnaît le ministère de l'agriculture à Varsovie. Les chiffres sont meilleurs dans les autres pays mais loin d'être satisfaisants: en Slovaquie, 60% des abattoirs n'étaient pas encore aux normes requises au début octobre.
Les laiteries sont un autre point noir, même si l'arrivée massive d'investisseurs étrangers dans ce secteur, a permis une mise à niveau plus rapide. En Pologne, cependant, seulement 12% des laiteries sont aux normes de l'UE. Partout, les contrôles sont encore très insuffisants. Faute d'argent, les analyses microbiologiques sont rares. Les céréales, les fruits et les légumes contiennent trop de résidus de pesticides. Et faute de contrôles vétérinaires suffisants, la lutte contre la maladie de la vache folle (encéphalopathie spongiforme bovine, ESB) est encore trop embryonnaire. C'est le cas en Lettonie, en Pologne mais aussi à Malte.
Même lorsque des contrôles sont en place, les résultats laissent à désirer. "Beaucoup d'inspecteurs travaillent encore comme sous le régime communiste, ils ne se préoccupent pas des détails, or dans ce métier, les détails sont très importants", souligne Daniel Hach, un expert de la Commission à Bratislava.
Consciente de l'immensité de la tâche, l'Union européenne a mis en place toute une série de garde-fous pour protéger son marché intérieur de produits potentiellement dangereux pour la santé. Elle pourra empêcher la mise en vente dans l'UE de produits d'une entreprise, voire d'une région ou d'un Etat donné. Les clauses de sauvegarde de l'UE pourront même aller jusqu'à l'exclusion provisoire du nouveau membre pour certains secteurs du marché, a rappelé mercredi la Commission.
Soucieux de ne pas être montrés du doigt, plusieurs Etats ont déjà prévu des mesures radicales. "Les entreprises qui ne seront pas conformes aux normes d'hygiène de l'UE seront fermées au 1er janvier 2004, soit 4 mois avant l'adhésion", souligne le porte-parole du ministère tchèque de l'agriculture Pavel Kovar.
Prévoyante, la Pologne a obtenu une période de transition de deux à trois ans pour plusieurs centaines de ses entreprises. Durant cette période, elles ne pourront pas vendre dans les autres pays de l'UE. Mais elles pourront continuer à exporter hors UE, en Algérie par exemple, qui est le premier importateur de produits laitiers polonais.


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