"Nous avons jusqu'ici déboursé seulement un peu plus de 1% des 400 millions d'euros que la Roumanie a reçus dans le cadre du programme SAPARD entre 2002-2003", a déclaré à l'AFP la vice-présidente de l'agence roumaine SAPARD, Monica Bacila. Le programme SAPARD, lancé par les Quinze pour aider les pays candidats à mettre à niveau leur agriculture dans la perspective de leur adhésion à l'UE, devrait permettre à la Roumanie de recevoir des fonds communautaires d'un montant d'environ 1 milliard d'euros d'ici 2006. Les responsables de la Commission européenne ont déjà tiré la sonnette d'alarme, estimant que Bucarest devait faire davantage d'efforts pour absorber ces fonds. "L'argent risque de reprendre le chemin de Bruxelles si Bucarest ne trouve pas les moyens de l'utiliser", a précisé une responsable au sein de la délégation de la Commission européenne à Bucarest, Mihaela Luca. Ecartée avec la Bulgarie de la prochaine vague d'élargissement, la Roumanie devra moderniser rapidement son agriculture, où les charrues tirées par des boeufs sont souvent la règle, afin de pouvoir intégrer l'UE en 2007 comme elle le souhaite, estiment les analystes. Pour les dirigeants de l'agence SAPARD, chargée de gérer ces fonds, l'accès à ce programme est "souvent compliqué, voire décourageant pour les paysans roumains". "Un projet d'investissement est indispensable et dans le milieu rural, où le niveau d'éducation est assez bas, cela est difficilement réalisable. En plus, afin de pouvoir bénéficier de fonds SAPARD, le requérant doit contribuer à hauteur de 30% de l'investissement prévu", a expliqué Mme Bacila. Selon le ministre de l'Agriculture Ilie Sarbu, plus de mille projets agricoles n'ont pas pu démarrer ces derniers mois, faute d'un cofinancement local. "Il s'agit surtout de l'absence d'informations au niveau local sur l'utilité de ce programme. Pourtant, les choses sont simples : l'UE fournit 70% de la somme requise, tandis que le bénéficiaire doit couvrir la différence", a déclaré le ministre. "Les paysans roumains qui pratiquent souvent une agriculture de subsistance ne peuvent pas faire appel aux crédits offerts par les banques, car avec quelques hectares de terre et des outils obsolètes, ils ne disposent pas des garanties exigées par les banquiers", a précisé la responsable d'un centre d'assistance rurale de Timisoara (ouest), Claudia Novac. A Cepelnita, un village du nord de la Roumanie, les quelques centaines d'habitants n'ont jamais bénéficié d'eau courante et ne déchaussent jamais leurs bottes en caoutchouc, en raison des routes boueuses. Ils disent pourtant se sentir "proches de l'UE", comme en témoigne le drapeau de l'Union européenne hissé sur la bibliothèque locale. Selon des responsables de l'Agence roumaine SAPARD, une commune sur trois a jusqu'ici déposé une demande de financement pour la construction de routes. "Avant de formuler une telle demande les maires auraient dû penser qu'ils avaient besoin de 30% de la somme demandée. C'est aussi de leur faute si ces projets traînent actuellement", a regretté Mme Luca. |